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Jean-Luc Mélenchon: « Il y a aussi des gens qui m’adorent »

Vous appelez les Français à vous « élire » Premier ministre, quoi de plus Ve République. Finalement, vous êtes un conservateur patenté!

Jean-Luc Mélenchon Quoi? C’est exactement le contraire. Mon slogan renverse la table du présidentialisme. Dans tous les pays d’Europe, il y a un Premier ministre sur le nom duquel se fait la campagne électorale. Mais je ne crois pas qu’il existe un seul roi avec autant de pouvoir que notre monarque présidentiel. J’ai donc introduit une dose massive de VIe République dans la Ve en lançant « Elisez-moi Premier ministre ». L’expression a nécessité des explications puisqu’on n’élit pas le Premier ministre; on élit une majorité qui désigne un Premier ministre. Cela a effacé en partie l’élan de Macron après son second tour gagnant. Et surtout, cela a valorisé comme jamais l’idée d’un « troisième tour ». Le président Macron peut bien s’agiter et prétendre que le troisième tour n’existe pas. Désormais dans les faits, il existe. Cela aurait pu ne pas fonctionner, hein! Dans ce cas, il y aurait eu foule pour me le faire savoir. Tout le monde a repris l’expression « troisième tour ». L’énergie venait du contexte. Quant à « Elisez-moi Premier ministre », grâce à la petite controverse que ça a déclenchée, on a enfoncé le clou.

Toujours la controverse plutôt que l’apaisement?

Ça s’appelle la démocratie. Et la ruse n’est pas interdite. Parfois, il faut savoir provoquer des polémiques et compter sur l’adversaire pour l’obliger à faire une partie du travail à votre service. Ceux qui ont répété sur tous les tons « qu’on n’élit pas le Premier ministre » ont été nos agents de propagande. Plus fondamentalement, nous ouvrons une phase de « re-parlementarisation ». Parce que le programme partagé de notre Nouvelle union populaire confie aux votes du Parlement la solution de nos désaccords. Voilà qui devrait désarmer les craintes, y compris dans nos rangs. Dans les expériences précédentes de cohabitation, une centralisation a succédé à une autre, le Premier ministre se comportant comme un président bis face à une majorité au garde à vous.

Cette cohabitation surviendrait immédiatement après l’élection du président. Sa légitimité serait de fait moins entamée.

Mais sa légitimité est complète! Il est élu pour cinq ans. Je ne propose pas une insurrection, il reste président. Sauf que le plus récent élu, ce sera moi. Et le dernier mot revient à la dernière majorité élue par le peuple. La Constitution est certes un objet taillé sur mesure pour le général de Gaulle. Mais beaucoup de questions de fonctionnement restent en suspens! Ainsi quand elle donne tant de pouvoirs au président de la République, et,

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