Géométrie des briques
Petit, il lui suffisait de franchir le seuil de la porte du labo photo de sa mère pour se retrouver aspiré dans son antre magique. Une atmosphère sombre, bercée par de minces filets de lumière rouge et saturée et des effluves âcres que connaissent bien ceux qui ont déjà développé une photographie. Quand Mauricio Rocha, encore enfant, frappait à la porte de la chambre noire de sa mère, Graciela Iturbide, il entrait dans la pièce obscure où l’une des plus grandes photographes mexicaines « enfantait » ses images, qui exposaient souvent l’histoire d’autres femmes, elles-mêmes venues du fond des âges. Loin de s’estomper avec le siècle et mentor de Graciela, C’est de nouveau à Mauricio, qui inscrit son travail dans la filiation d’Alvar Aalto, Louis Kahn et Luis Barragán, qu’est revenu la tâche de concevoir le laboratoire des récits maternels. Mauricio trouve un minuscule terrain en vente au 37 de la rue Heliotropo dans laquelle vit sa mère. Sept mètres sur quatorze, moins de cent mètres carrés, avec une hauteur de neuf mètres sous plafond. Graciela Iturbide, qui fêtera ses quatre-vingts ans le 16 mai, vit depuis toujours dans la délégation de Covoacán. C’est l’un des plus anciens quartiers de Mexico, foyer de la bohème artistique qui accueillait la maison d’Hernán Cortés au XVI siècle avant d’abriter, au XX siècle, la Casa Azul de Frida Kahlo et Diego Rivera, aujourd’hui transformée en musée. Proche de cette maison bleue, l’atelier de la photographe est quant à lui rouge orangé. se souvient Mauricio Rocha. Des briques qui viennent de la ville de Puebla, célèbre pour la qualité de sa céramique. Pour le reste, Mauricio Rocha a carte blanche. Pour l’imaginer, il forme un volume en terre cuite qui, s’il
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