Un œil sur la conso

vez-vous constaté comme moi à quel point la hausse du prix des carburants a un curieux effet psychologique sur les automobilistes que nous sommes? À la pompe, on renonce à faire le plein complètement, préférant remplir aux deux tiers le réservoir pour se voir les propriétaires de bateaux à qui on a posé la question ont conscience que le budget carburant va s’enflammer. Pour autant, ils ne sont pas tout à fait prêts à rogner sur leur temps de loisirs en mer. Tout juste consentent-ils à garder un œil sur le régime moteur. Réduire drastiquement la conso est un objectif aisé à atteindre. Le b.a.-ba consiste à naviguer avec une carène, une hélice ou une embase parfaitement propres. « Taper » dans les hauts régimes est une pratique à bannir. Le rendement (le ratio litres par mille) d’une coque planante peut doubler selon que vous pilotez à 20 ou 28 nœuds. Aux États-Unis, et à Miami en particulier où nous nous sommes rendus à l’occasion du Boat Show annuel (lire le dossier page 60), les plaisanciers n’ont eux aucun scrupule. La vitesse sur l’eau est inscrite dans leurs gènes et la question de savoir combien ils consomment est le cadet de leurs soucis. Il est vrai que le prix du carburant outre-Atlantique, malgré une forte augmentation, reste deux fois moins élevé que chez nous. Les spectaculaires brochettes de hors-bord accrochés au tableau arrière de coques open géantes n’ont alors plus rien d’étonnant. Les Européens qui visitent le salon de Miami sont toujours interloqués par le fait que le discours écologique imprime si peu. Ici, pas un seul modèle à propulsion électrique n’est exposé, contrairement au Cannes Festival où tout un ponton leur est consacré. Pour autant, c’est la première fois qu’une équipe de jeunes était présente pour sensibiliser les navigateurs aux lamantins, ces gros mammifères marins herbivores qui nagent entre deux eaux dans la lagune de Miami ou même dans les marinas. Tout n’est pas perdu.