Frédéric Bourdiec, à géométrie variable
Ébéniste devenu architecte, Frédéric Bourdiec découvre la terre à l’orée de ses 30 ans. Huit ans plus tard, il crée des lampes qui évoquent les unités d’habitations pour « Habitation à bon marché ». Elles répondaient déjà aux critères des joyaux architecturaux de Perret ou de Le Corbusier: la répétition de certains éléments, l’absence d’ornements et le caractère brut. Aujourd’hui encore, fidèle aux préceptes qui définissent le brutalisme, Frédéric Bourdiec réalise des lampes aux formes minimalistes, blocs ou colonnes, comme celles de la série « Canons à lumière », éclairées de l’intérieur. Par de simples trouées géométriques, elles suggèrent des perspectives, provoquent des contrastes subtils entre zones claires et zones d’ombre, composent une ambiance faite de clairs-obscurs. Car c’est bien là que réside le talent de l’architecte-céramiste installé à Marseille: être capable de transformer ces volumes à l’aspect massif en une abstraction poétique, un labyrinthe constitué de pleins et de vides dans lequel l’oeil se perd. Nul besoin de savoir tourner pour créer ces « architectones » en faïence: Frédéric Bourdiec fait d’abord des maquettes avant de les réaliser en terre en utilisant la technique de la plaque. La ligne semble être le point de départ de son travail, elle découpe des arêtes nettes et précises, forme des angles droits qui rappellent le graphisme de certains grès de Maarten Stuer, d’Enric Mestre ou d’Andrée et Michel Hirlet qui, au sein du mouvement Mur vivant, oeuvrèrent pour l’introduction de la céramique dans l’architecture. Depuis peu, Frédéric Bourdiec dessine aussi des tables basses au plateau décoré de motifs noirs, chers aux artistes de l’avant-garde russe. Serait-il un céramiste constructiviste?
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