Bestia bouscule les favoris

’était il y a à peine plus d’un an. Le 23 février 2021. Après de longues semaines passées entre la vie et la mort, Fausto Gresini s’en allait, emporté par le Covid-19. L’ancien champion du monde 125 dirigeait depuis vingt-cinq ans cette équipe qui avait vu tant de pilotes briller, de Loris Capirossi à Marco Simoncelli, en passant par Daijiro Kato, Marco Melandri et bien d’autres encore. Avant de sombrer dans le coma, Fausto avait déjà acté la reprise de ses deux places  C’est comme cela qu’Enea Bastianini a retrouvé l’équipe de ses débuts pour disputer sa deuxième saison de MotoGP. Aussi, lorsque le protégé de Carlo Pernat s’est retrouvé en tête du Grand Prix du Qatar à quatre tours de l’arrivée, les gorges se sont-elles serrées dans le garage du team Gresini Racing. Nadia et Carlo n’ont pu retenir leurs larmes lorsque « Bestia » a franchi en vainqueur la ligne d’arrivée du circuit de Losail, lui, le gamin de Rimini que Fausto avait lancé en Grands Prix en 2014 et qui avait ensuite claqué la porte pour s’offrir à Emilio Alzamora, l’omnipotent manager espagnol en quête d’un nouveau Marquez; « Bestia », le prodige que l’on crut longtemps perdu, trop dilettante pour tirer profit de son talent. Rabiboché avec Fausto avant que ce dernier ne décède, adoubé par Nadia Padovani, Enea Bastianini a donc décroché sa première victoire en MotoGP en offrant au team italien son premier succès depuis son retour en classe reine. Tout un symbole. Longtemps installé dans le sillage de Pol Espargaro, « Bestia » a laissé le pilote Honda martyriser ses pneus avant de s’en défaire pour filer vers la victoire. L’an dernier, au guidon d’une Ducati vieille de deux ans, il s’était déjà fait remarquer en montant à deux reprises sur le podium. La GP21 dont il dispose cette saison lui a donné des ailes. Des commentaires à faire pâlir de jalousie Fabio Quartararo. Car le Français n’a pas étrenné de la meilleure manière son titre de champion du monde.