On conçoit généralement l’écrivain comme un être à part, un démiurge solitaire, possédé par une création dont il est l’unique administrateur. Mais n’est-ce pas là une vision par trop romantique? À bien examiner la genèse de certaines œuvres, et non des moindres, une remise en question s’impose.
MAQUET ÉCLIPSÉ PAR DUMAS
Prenons l’exemple d’Auguste Maquet et Alexandre Dumas. Leur collaboration fut si siècle. Mais qui se souvient d’Auguste Maquet ? Proche de Pétrus Borel, Nerval et Gautier, ce fin lettré fut, depuis celle d’, de toutes les batailles littéraires de son temps. En 1832, abandonnant le projet d’enseigner, il se tourna exclusivement vers la littérature. En 1838, il demandait à Dumas de retoucher un drame qu’il ne parvenait à placer dans aucun théâtre. Il s’avéra très rapidement que les deux auteurs se complétaient à merveille. Leur premier succès fut un roman historique, écrit par Maquet et revu par Dumas. En 1844, un véritable coup de maître : ! Cette association, dont les cadres étaient malheureusement trop imprécis, prit fin dans la discorde. Il y eut procès quant à la paternité des œuvres… et aux droits qui y étaient attachés. Dumas obtint gain de cause devant la postérité.