Une petite chambre mansardée dans le village de Mooswald, en Carinthie, avec une vue sur la vallée. C’est ici que Josef Winkler a choisi de travailler au manuscrit de . Il va y passer toute l’année 1981. Ilest alors submergé par un récit fleuve, brut, sans construction narrative, fait de sauts temporels et de répétitions. L’émotion naît pourtant de ce chaos, même s’il suscite parfois le découragement chez le lecteur. Il faut y voir une sorte de degré zéro de l’écriture qui mêle les obsessions de l’auteur, un documentaire sur l’innommable du xx siècle, matrice centrale de son œuvre à venir. Nietotchka, l’écorchée vive, conserve son mystère. Expropriée, affamée lors de l’Holodomor stalinien organisé par les chefs des kolkhozes dans le cadre de la collectivisation, qui fit, dans les années 1930, sept millions de morts, puis soustraite à sa culture, exploitée, elle ne reverra jamais sa chère Maty ni sa patrie. Mais elle parviendra à survivre à tout, d’abord en URSS, puis en Carinthie. L’insondable de son âme nous interpelle alors, quand elle dit : Là-bas, en Russie, les gens ne sont pas plus mauvais que ceux d’ici.
Josef Winkler Souvenirs du pays des morts
Jan 24, 2022
1 minute
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