Les livres de nos vies
Mohamed Mbougar Sarr, Maylis de Kerangal, Salomé Kiner, Étienne Klein, Susie Morgenstern, Emmanuel Guibert et Djaïli Amadou Amal nous racontent leurs préférences
Pour ce dernier numéro avant Noël, le JDD a demandé aux sept ambassadeurs tout juste mandatés par le Centre national du livre – dans le cadre de la campagne en faveur de la lecture, déclarée grande cause nationale – de nous dire quel est le livre de leur vie.
Mohamed Mbougar Sarr
Goncourt 2021
Auteur de « La Plus Secrète Mémoire des hommes », Philippe Rey-Jimsaan
« Les Détectives sauvages » de Roberto Bolaño, éd. de L’Olivier (2021)
Le livre qui a changé ma vie est légion : il y en a eu plusieurs, qui m’ont décomposé et recomposé avec une égale puissance à des âges différents. Dans le désordre, La Plaie (Malick Fall), Le Devoir de violence (Yambo Ouologuem) etLe Père Goriot (Honoré de Balzac), L’Aventure ambiguë (Cheikh Hamidou Kane), Le Maître et Marguerite (Mikhaïl Boulgakov), Moby Dick (Herman Melville), La Nausée (Jean-Paul Sartre), Les Vagues (Virginia Woolf ), L’Insoutenable Légèreté de l’être (Milan Kundera) ; La Mort de Virgile (Hermann Broch), Le Bruit et la Fureur (William Faulkner), La Cloche de détresse (Silvia Plath), Le Livre des questions (Edmond Jabès), Hermina (Sami Tchak), Héros et Tombes (Ernesto Sábato), Fictions (Jorge Luis Borges), Jazz (Toni Morrison).
Mais l’œuvre, s’il fallait en), je sentais confusément que le mystère du sens de l’écriture m’appelait, sur le terrain du roman. Mais je n’osais encore tenter de répondre. Je me disais : Cela paraissait vainement intello et élitiste, vaguement poseur et déconnecté. Puis j’ai continué de lire tout ce que je pouvais trouver de Bolaño ; et ce Chilien, né la même année que mon père, et mort si jeune, si tragiquement et si romantiquement jeune, m’a donné le courage qui me faisait défaut. Son œuvre m’a pris par l’épaule et dit :
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