Diapason

Inlassable quête

Sur les traces de J.-S. Bach par Gilles Cantagrel. Buchet Chastel, 495 p., 32,90 €.

Partir sur les traces de Bach, c’est s’aventurer sur une vaste plage après que la marée y a fait son oeuvre : il faut montrer une attention très aiguisée pour débusquer, (Fayard, 1998), ouvrage dont l’ambition était « de suggérer des pistes, [d’]ouvrir quelques voies dans l’approche de l’un des compositeurs les plus universellement vénérés, mais dont on peut toujours se demander s’il l’est en pleine connaissance de cause », montre à quel point sa quête est inlassable. forme une sorte de pendant à ce magnifique essai. A l’unité profonde de ce dernier, conçu dans un ample mouvement, répond la diversité du nouveau livre. Organisé en trois grandes parties (« Au temps de Bach », « Après Bach », « Aujourd’hui »), sa division en courts chapitres (chacun est introduit par une question ou une remarque reprises, nous apprend l’auteur, des interrogations de passionnés rencontrés au fil des voyages et conférences) se prête à une lecture plus fractionnée, comme le guide d’un voyage géographique (« La mémoire des lieux ») ou intérieur (« Bach et la foi », « Penser en musique »). Des activités musicales de Bach, publiques comme privées, à la cécité qui assombrit ses derniers mois ou à la découverte de ses restes, peu de sujets sont laissés de côté ; nombre de lieux communs, d’erreurs, sont, au passage, corrigés : Leipzig n’était pas le trou qu’on se plaît parfois à dépeindre, Anna Magdalena n’a pas fini son existence dans la misère, la production du Cantor n’est pas plus tombée dans l’oubli à sa mort que son aura se limitait, de son vivant, à la Thuringe. Tout aussi intéressantes sont les pages consacrées à la réception moderne de la musique de Bach non seulement en Allemagne, mais aussi en France, sujet peu souvent abordé dans les ouvrages à visée généraliste ; on regardera comme plus anecdotique la question des descendants actuels du compositeur. Documenté avec précision, conduit avec la clarté d’idées qu’autorise une fréquentation du sujet intime et passionnée, ce livre à hauteur d’homme offre une introduction idéale à l’univers de Bach ; on regrette que la question cruciale des enjeux de l’interprétation n’ait pas été abordée, mais peut-être faut-il prendre sa mention dans la postface comme les prémices d’un volume à venir. Sur son sujet favori, Gilles Cantagrel est sans doute loin d’avoir dit son dernier mot.

Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.

Plus de Diapason

Diapason2 min de lecture
Rossini’s Follies
La Cenerentola de Rossini. Toulouse, Opéra national du Capitole, le 29 mars. C’est un secret de moins en moins bien gardé : Michele Spotti (directeur musical de l’Opéra de Marseille depuis cette saison) est, parmi les chefs lyriques qu’on a vus émerg
Diapason4 min de lecture
Leur Parole Est D’or
Tippett : The Midsummer Marriage Solistes, London Philharmonic Orchestra & Choir, English National Opera Chorus, Edward Gardner. LPO. « Il est impossible de mentionner Michael Tippett sans nommer Benjamin Britten, les deux titans de la musique britan
Diapason5 min de lecture
Le Chœur A Cappella (I)
« Acappella », autrement dit à la manière du travail mené à la chapelle. La source de cet art vocal sans instruments est sacrée, et c’est à cette lumière que nous abordons un vaste domaine – un volet « profane » suivra. Délimitons d’emblée notre doub

Associés