le hasard joue avec nos têtes
A u cours de l’été 2005, cinq crashs d’avion surviennent dans le monde en à peine vingt-deux jours. Le bilan s’élève à 335 victimes. En 2013, ce sont trois catastrophes ferroviaires successives qui endeuillent l’Europe sur une période d’à peine vingt jours. En 1923 et dans les années qui suivent, plusieurs membres ou proches de l’équipe d’archéologues ayant participé à l’exhumation de la momie du pharaon Toutankhamon, parmi lesquels Lord›Carnarvon, le commanditaire des fouilles, trouvent la mort dans des circonstances étranges. Certains médias de l’époque y voient une malédiction lancée par le défunt souverain égyptien. Ces coïncidences résume Jean-Paul Delahaye, professeur émérite de mathématique et d’informatique à l’université de Lille. Ce comportement est tout à fait sensé pour les théoriciens de psychologie évolutionniste, qui partent du principe que percevoir des régularités dans l’environnement permet d’en comprendre les règles, condition indispensable à la survie de l’espèce. , appuie Nicolas Gauvrit, psychologue et mathématicien à l’université de Lille. Néanmoins, ce même fonctionnement du cerveau, qui forme un avantage évolutif évident lorsqu’il s’agit de repérer un prédateur ou de distinguer un aliment comestible d’un autre toxique, n’est pas sans inconvénient dans notre vie quotidienne. En particulier, il nous conduit à voir des anomalies ou des régularités là où il n’y en a pas, et à tisser des liens entre des événements totalement indépendants les uns des autres. confirme André Knops, chercheur CNRS en psychologie du développement et de neurosciences cognitives à l’université Paris-Descartes. En effet, même si l’on saisit bien la différence qui existe entre des nombres comme 1/2 et 1/1 000, nous aurons naturellement tendance à surestimer les probabilités très faibles et à sous-estimer les plus élevées. Cela est surtout vrai lorsque ces probabilités portent sur un événement important pour nous, comme un risque lié à la vaccination ou les chances de gagner au loto: même si les chances que ces événements surviennent sont très faibles, notre cerveau aura généralement tendance à les grossir. Pour André Knops, ce biais est en partie induit par l’écart qui persiste inéluctablement entre notre intuition de base de la quantité et la représentation symbolique du nombre que nous apprenons au cours de notre vie. , poursuit le chercheur en psychologie.
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