Les élégances d’une perle
QUELLE TRANSITION en contournant la pointe de Bois Joli dominée par l’imposant Morne du Chameau ! De concert, l’onde et le souffle se sont apaisés. Les étraves de Lola Rasta n’ont désormais plus à fouiller leur voie parmi un clapot méli-mélo. Il en fut tout autrement en abordant la passe du Grand Ilet au sud de Terre-de-Haut, l’île principale des Saintes ! Un alizé gonflé et une mer très hachée y ont poussé notre valeureux Lagoon 450F, un ris dans la grand-voile, vers un grandiose abord austère et martial. Alors qu’au large se dessinaient les appétissantes silhouettes d’un archipel tout en rondeurs, l’atterrage au vent dévoila la face hauturière d’une géographie post-volcanique décharnée par les assauts incessants des éléments marins. Devant nous, barrant la route, martiaux, trois îlots : la Coche, la Vierge et les Augustins, aiguilles dressées vers le ciel, affirment haut leur inhospitalité. C’est brut, c’est beau !
MOUILLAGES MAGIQUES MAIS CONVOITES
Au terme de cette vivifiante navigation menée sans se dandine mollement au gré des risées ayant réussi à se frayer un chemin parmi les reliefs nous dominant. Une douzaine de bouées, obligatoires et payantes, permet de réguler la tranquillité des lieux, les bateaux n’ayant pas trouvé anneau étant priés d’aller jeter l’ancre hors de la zone délimitée par des bouées jaunes. L’atmosphère dans cette anse est une ode au farniente. La douceur du paysage, la chaleur, la densité de la végétation d’où s’échappent de sporadiques chants de vindicatifs gallinacés, la minuscule plage de sable blanc, le trait de côte minimaliste… le casting frôle l’excellence ! Et pour seul impératif de la journée, se rendre tranquillement à la nage sur les jolis massifs rocheux immergés à l’aplomb du Pain de Sucre, histoire d’aller se délecter du spectacle sous-marin des danses lascives des gorgones. L’archipel des Saintes, deux îles habitées (Terre-de-Haut et Terre-de-Bas) et sept îlets non occupés, constitue un joli terrain de vadrouille pour plaisanciers pas pressés.
