PHOTOGRAPHE AU VERT
Une petite route musarde entre les massifs de genêts et aboutit sur la place d’un minuscule hameau. Quelques robustes demeures, postées sur la crête, surveillent la plaine de Gordes. C’est dans ce repli perdu de la Provence qu’habite, depuis les années explique Hans Silvester. Le jeune Allemand passe six mois parmi gardians, gitans et manadiers. Il en tire un recueil en noir et blanc, préfacé par Giono, qui lancera sa carrière. En 1964, il rejoint l’agence Rapho. Il y côtoie Robert Doisneau, Willy Ronis, Édouard Boubat… Suit une série de reportages : Japon, Portugal, Égypte, Tunisie, Hongrie, Pérou, États-Unis, Italie, Espagne, sans oublier la Provence. Chaque voyage donne lieu à un livre ou une publication, souvent pour le magazine . Dans les années 1980, Hans Silvester devient un lanceur d’alerte, documentant les grandes problématiques environnementales: déforestation, surexploitation, pollution de l’eau… Il se passionne pour les peuples oubliés, qui subsistent en marge du progrès – femmes du désert indien ou tribus éthiopiennes –, auprès desquels il passe de longues périodes, loin de tout confort, pour collecter des images inédites. Résultat: plusieurs livres, dont et , succès de librairie mais aussi sommes précieuses, répertoriant des univers menacés. made in China , regrette le photographe. Récemment, il s’est attaché à sauver de l’oubli une autre communauté, celle des épouvantails, effigies populaires et gardiens des cultures. Depuis des années, en France, en Europe, dans les campagnes reculées du Japon, du Maroc ou de l’Afrique, Hans Silvester photographie ces sculptures naïves, faites de bric et de broc. Mais l’utilisation des pesticides a fait disparaître, en même temps que des myriades d’oiseaux, ces croquemitaines désormais inutiles. Ils subsisteront néanmoins dans le beau livre , qu’il vient de publier aux éditions de La Martinière. Car, dit-il, ».
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