L’agent secret ouvre son album de famille
Les agents secrets ne sont jamais à la retraite. Mais ils ont la nostalgie de leurs exploits
Parmi les qualités de Philippe Sollers, écrivain, il en est deux essentielles : son immense culture dans laquelle il puise à volonté comme un prestidigitateur dans sa malle aux trésors, et l’agilité de son esprit et de son écriture. Ces deux qualités sont particulièrement spectaculaires dans son autoportrait publié sous le titre . Ainsi, dans un chapitre commencé avec le récit du, il enchaîne avec Roland Barthes qui lui donnait à lire ses manuscrits et qui tomba en dépression après la mort de sa mère. La mère de Philippe, dont les yeux n’avaient pas la même couleur, cultivait l’ironie. Lorsque son fils lui disait qu’un jour il serait un très grand écrivain, elle lui répondait : C’est grâce à son père, gazé à Verdun, rebelle aux décorations, aux accommodements, qu’il est devenu écrivain. À ses obsèques, il a lu au cimetière un sermon de Maître Eckhart, ce qui a fait scandale. Philippe a toujours aimé les étrangères. D’ailleurs, les deux femmes de sa vie, Dominique Rolin, la bien-aimée, était et Julia Kristeva, sa femme, autre bien-aimée, est bulgare. Le jour où ils se sont mariés, le 2 août 1967, ils sont allés dans un restaurant où étaient déjà attablés Aragon et Elsa Triolet. Celle-ci avait ainsi dédicacé un de ses livres : Il a jeté le livre dans une poubelle. Aragon avait célébré dans le premier roman de Sollers, .
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