Pour l’amour de Philibert
Début 1483, le roi de France Louis XI est malade. Il pressent qu’il ne verra pas la fin de l’année et s’empresse d’inculquer à son fils, le dauphin Charles, quelques notions de gouvernance. Charles est le seul de ses cinq fils à ne pas être mort en bas âge. Cet adolescent de bientôt 13 ans a grandi entouré de médecins, comme une petite chose fragile. Jusqu’à présent le roi s’est davantage préoccupé de fiancer son héritier en fonction de ses desseins politiques que de lui prodiguer des marques d’affection. Quant à sa mère, Charlotte de Savoie, Charles la voit peu. La reine s’occupe de l’éducation de ses deux filles, celle de Charles étant, normalement, réservée au roi. Charles est seul, il s’ennuie souvent. Mais une petite fille de 3 ans va venir égayer ses mornes journées. Elle se prénomme Marguerite, c’est la fille de l’archiduc Maximilien de Habsbourg (futur Maximilien Ier , successeur de Charles le Téméraire) et de Marie de Bourgogne qui règne sur une large partie des Etats bourguignons encerclant et grignotant le royaume de France, au nord et par l’est. Ainsi, Marguerite est l’objet de toutes les convoitises des cours européennes. Par ce mariage, Louis XI voit l’occasion d’unir ces Etats ennemis.
En juin 1483, Marguerite quitte donc son Bruxelles natal et la cour paternelle pour retrouver, malgré la différence d’âge, son fiancé au château d’Amboise.
Dans la litière qui la brinquebale sur les routes du royaume de France, calée sur les genoux de sa nourrice, la petite fille ne comprend pas ce qui lui arrive. Au moment des adieux, son père lui a confié qu’elle allait vers un riche destin. Par ce mariage, elle deviendrait reine de France et mère du futur héritier de son nouveau pays. Marguerite est une enfant, mais on devine déjà la ravissante jeune femme qu’elle sera. Elle a une bouche joliment ourlée, de beaux cheveux châtains et ondulés, de grands yeux bleu foncé et un front haut et bombé comme l’exige la mode. Elle porte une robe rouge qui tire sur l’orange, taillée dans un précieux brocard rehaussé d’arabesques et
