La bonne année du vase
e vase, il est bon de s’en souvenir, occupe une place particulière, et sans doute première, dans l’histoire de l’art. C’est à travers des vases que ma première visite au département des antiquités du Louvre s’est transformée en lèche-vitrines érotique. Et que j’y suis donc retourné, seul, pour me cultiver, mon oeil. Qui n’a pas cassé un vase dans sa vie ne sait pas lui consacre une notice. L’artisanat n’est pas le moindre des écueils à l’accession du vase dans ce domaine: il n’y a plus que les associations caritatives pour croire au génie de la main, à l’excellence du matériau, à la valeur des traditions locales. Autre question: les vases de Picasso, qui sont souvent un peu cruches, supportent-ils qu’on y mette des fleurs? Ne perdent-ils pas aussitôt leur valeur marchande? Et quelles fleurs avec ce Vallauris en tête de hibou? L’artiste qui a dessiné, conçu, parfois créé de ses mains cette pièce unique n’a-t-il pas un droit de regard sur le type de tulipes qu’on va lui mettre dedans? A-t-il seulement imaginé que son vase d’artiste puisse contenir des végétaux qui, inévitablement, viendront brouiller son message, dénaturer son projet, enclencher un processus de concurrence visuelle dommageable?
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