CES ROBOTS QUI SOIGNENT ET SOULAGENT
1 LES EXOSQUELETTES : COMPAGNONS DANS L’EFFORT
Dans le futur… les marathoniens finiront leur course en pleine forme.
Le stade est en ébullition : la française Hélène Ripelet vient de pulvériser le record du monde du marathon lors de la première édition de l’Exo-World Cup! Mais sa performance ne sera pas homologuée. Car malgré son entraînement continu, elle doit son exploit à un exosquelette de jambes ultra-miniaturisé qui a limité considérablement sa fatigue durant l’effort. Dans les tribunes, le constructeur français se frotte les mains. Il imagine déjà les retombées commerciales de cette performance, que n’ont pas manqué de suivre les industriels et les militaires du monde entier.
Il a enflammé le CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas, premier salon mondial consacré à l’électronique grand public. Il faut dire qu’il en jette, le Guardian XO Conçu par l’américain Sarkos, cet exosquelette intégral multiplie jusqu’à un facteur 20 la force appliquée par son opérateur, lui permettant de déplacer des charges de 90 kg à bout de bras sans le moindre effort. Comme dans ou ! Oui, mais en apparence seulement, car à y regarder de plus près, l’engin montre rapidement ses limites. D’abord, il est aussi vif qu’un paresseux : à peine 2 km/h en vitesse de pointe, il lui faut 4 secondes pour faire demi-tour, et le moindre mouvement est un éloge de par exemple, ne sert qu’à une chose : assister l’ouvrier qui nivelle les sols au râteau, une tâche pénible qui à force abîme le corps. L’appareil consiste en un harnais soutenant un moteur qui exerce une poussée ou une traction de 50 kg sur le râteau, l’effort étant ramené au sol via une jambe mécanique. L’opérateur ne réalise donc qu’un effort minime, tout en conservant sa mobilité. Exoback, lancé cette année vise quant à lui les personnes qui soulèvent de lourdes charges toute la journée. Cet engin accompagne leurs mouvements lorsqu’ils se baissent et se relèvent, lestés de leur fardeau. Bref, l’avenir proche semble aux dispositifs mono tâches, plus maniables et moins coûteux. Mais pour autant, les exosquelettes de jambes ou de bras n’ont pas dit leur dernier mot, comme nous l’a rappelé Philippe Garrec, chercheur en robotique au CEA-list. Lui n’a jamais cessé de travailler sur Hercule, qu’il a contribué à développer en partenariat avec RB3D. Mais désormais, plus question d’en faire un monstre de puissance. Au contraire, il veut créer un assistant permanent, qui soulagera le porteur dans tous les gestes de la vie courante requérant des efforts importants ou pénibles. Un tel exosquelette pourrait aider celui qui pousse des chariots à longueur de journée. Ou assister une personne âgée qui peine à marcher. Ou permettre au soldat de courir plus longtemps, son sac sur le dos. Pour y parvenir, Philippe Garrec a une obsession : faire maigrir encore et encore le robot jusqu’à ce qu’il épouse le corps de l’utilisateur, tout en continuant à fournir son « supplément de muscles ». La dernière version du projet, Hercule Slim, constitue de ce point de vue une avancée considérable. Pour parvenir à une telle finesse de membres, les chercheurs du CEA ont développé et breveté une technologie qui permet de retirer les moteurs des jambes, les placer dans le dos, et les relier aux articulations par des transmissions flexibles! Et les recherches se poursuivent, pour rendre ces exosquelettes de jambes ou de bras encore plus graciles. Leur objectif à sept ou dix ans : créer un modèle dissimulable sous les vêtements, garantissant une fluidité et une mobilité naturelles, mais aussi une parfaite discrétion, gage d’une meilleure acceptation par l’utilisateur.
