LE RETOUR PLEINE BALLE DE GEORGE PELECANOS
Michael Hudson a la vie devant lui, mais déjà un lourd passif. Placé en détention préventive à Washington pour avoir conduit une équipe lors d’un braquage, il purge sa peine en éclusant tous les romans George Pelecanos s’attaque à la question du libre-arbitre et du pardon, sans jamais verser dans le pathos ni la bien-pensance. Les personnages sont aussi attachants qu’ambivalents, capables de basculer dans la violence malgré leur quête d’émancipation. En filigrane, on assiste aussi à une exploration sociologique de la ville natale de l’auteur, Washington D.C., qui, à travers le personnage de Thaddeus Ward, le comparse noir d’Ornazian, devient le symbole du racisme aux États-Unis, ce cauchemar récurrent qui ne cesse de venir encore et toujours hanter le pays, comme l’a une nouvelle fois démontré la mort désastreuse de George Floyd en mai dernier. Pelecanos retrace ainsi avec précision comment certains quartiers de D.C. se sont gentrifiés – pour le meilleur et pour le pire –, et comment la haine de l’autre a traversé toute l’histoire de la ville, notamment avec l’équipe de foot US des Redskins, dernier club américain à avoir intégré des joueurs de couleur, ou encore à travers la scène hardcore des années 1980, où les Noirs de Bad Brains côtoyaient des groupes comme Minor Threat issus de la classe moyenne blanche. Percutant, poignant, parfaitement construit, , le vingtième roman de George Pelecanos, montre à quel point l’auteur maîtrise son sujet, comme son époque.
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