Diapason

Du baroque allemand

Tout amateur de musique germanique des XVII e et XVIII e siècles sait ce qu’il doit aux quarante ans d’activité de Ricercar ( ). Très vite, les séries « », « » et les monographies firent émerger de l’ombre compositeurs mais aussi interprètes ;) et de pièces pour orgue et pour clavecin enregistrées tout exprès par Bart Jacobs et Yoann Moulin. Parmi les intégrales emblématiques du label, celle des cantates de Weckmann et la presque totalité de celles de Bruhns demeurent à ce jour sans concurrence. Philippe Pierlot, en remettant une partie des premières sur le métier (Mirare, 2013), approfondirait certes leur langage dramatique, tandis que Cantus Cölln (HM, 2002) apporterait aux secondes plus de transparence, mais ces lectures ferventes, pétries d’intériorité, tiennent leur rang sans pâlir. Schütz est lui aussi bien servi avec les de Vox Luminis, couronnées par un , mais aussi l’ et dans les versions colorées du Ricercar Consort. Le curieux se plaira à goûter également la rare de Sebastiani – un des jalons menant à celle de Bach. Le Cantor et les siens occupent évidemment une place de choix dans ce vaste panorama. Renouer avec la musicalité ardente d’Henri Ledroit dans les pages de Johann Michael ou Johann Christoph reste une bouleversante expérience ; dans les cantates de Johann Sebastian, on se laisse volontiers séduire par Max Van Egmond (« », d’une noble simplicité), comme par les intuitions de Pierlot, défendant avec brio une approche à un par partie encore marginale au début des années 1990. Signalons enfin le riche parcours dans l’œuvre sacré et profane de Schein que la personnalité de chaque ensemble éclaire à sa manière, italianisante avec La Fenice, ludique avec L’Achéron, plus septentrionale avec Vox Luminis et le Ricercar Consort, ainsi qu’un disque entier consacré à Tunder, précieux condensé d’un art dont si peu nous est parvenu. On aurait souhaité qu’un voyage d’une telle densité s’accompagnât d’un livret digne de ce nom, avec les textes chantés, quelques photos. Cette somme (représentant plus de quarante heures de promesses et de nostalgie) n’en demeure pas moins essentielle pour donner ou approfondir le goût d’un répertoire qui n’a pas fini de nous enchanter.

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