Rock and Folk

L’Homme Invisible

n bon fan de cinema fantastique a tendance à froncer les sourcils quand on lui annonce le reboot d’un classique du genre. Voir, parmi mille exemples, les versions récentes de “Fog”, “La Malédiction”, ou de l’insupportablement poseur “Suspiria”. Une expérience remake qui a également foiré quand la firme Universal s’est mise en tête de remettre au goût du jour quelques classiques long: l’excellent “Upgrade”, série B de science-fiction d’une efficacité teigneuse revisitant “Terminator” à sa façon. Logique donc que Jason Blum (déjà producteur sur ce coup) propose à Whannell de gérer cet “Homme Invisible” en changeant la donne. L’action n’étant plus vécue (comme dans le roman et le film originel) du point de vue de l’homme invisible mais de celui de sa victime. Une femme qui, sous la coupe machiste et vicelarde de son scientifique de mari, pense avoir retrouvé sa liberté le jour où celui-ci se suicide. Peu de temps après sa mort, elle commence par être hantée par une présence invisible qui la traque constamment, jour après jour… Une grande partie de l’action se déroule dans une immense maison high-tech où Leigh Whannell cumule les métaphores et les ambiances: film féministe (les rapports houleux entre le scientifique et sa femme bafouée), hommage élégant au bon cinéma fantastique des années 70, 80 et 90 (de “L’Emprise” à “Hollow Man”) et diatribe contre les progrès déshumanisant de certaines technologies. Le tout avec une réalisation au cordeau où le moindre coin de cadre et le plus petit raccord dans le mouvement renvoient à un certain cinéma de genre d’antan dans lequel le spectateur a toujours la sensation de savoir exactement où il se situe dans l’espace. Pour le coup, “L’Homme Invisible” reste incroyablement tendu d’un bout à l’autre. Sans temps mort et sans gras. Et sans ces dispensables apartés humoristiques propres à une grande partie du cinéma fantastique contemporain. Mais “Invisible Man” doit aussi beaucoup à sa formidable actrice, Elisabeth Moss (de tous les plans), révélée au monde entier dans “Mad Men” et “The Handmaid’s Tale”, qui se défend de cet homme invisible avec tellement d’acharnement qu’elle s’inscrit désormais dans la liste des grandes héroïnes du cinéma fantastique. Comme Ripley/Sigourney Weaver dans “Alien” ou Sarah Connor/Linda Hamilton dans “Terminator”. Dégagé des cinés quelques jours après sa sortie en mars suite au Covid-19, “L’Homme Invisible” revient faire son petit tour en salles en début d’été pour gagner quelques futurs fans. Il faut s’y précipiter, car ça mérite vraiment le grand écran (.

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