DESTINS DE PIERRES
Le fameux Sancy. Henri III s’en servait, dit-on, pour dissimuler sa calvitie
Son visage est sans âge. Mais on ne voit qu’elle. A son cou trône un collier à trois rangs où est accrochée une perle fine d’une magnificence extrême, que l’on croyait emprisonnée dans le coffre d’un collectionneur. Et pour cause. Cette gemme appartenait à lAutrichienne la plus célèbre de France, la reine Marie-Antoinette. Sa nouvelle propriétaire, Heidi Goëss-Horten, née à Vienne en 1941, l’a ravie lors de la vente Bourbon-Parme de Sotheby’s à Genève en 2018 et s’offre le luxe – inouï aujourd’hui – de la porter quand bon lui semble… Pour les beaux yeux de ce joyau ayant paré son infortunée compatriote guillotinée en 1793, la milliardaire viennoise accepta d’en . En juin 1530, le roi crée les joyaux de la Couronne de France, un trésor dans lequel il dépose huit bijoux de sa cassette personnelle qu’il déclare propriété de l’Etat et, à ce titre, inaliénables. « François I a une idée très claire de la nation et de sa continuité, observe Philippe Malgouyres, conservateur au département Objets d’art du Louvre. En aliénant ces pierres à l’Etat, il change le statut des bijoux, ils deviennent officiellement un attribut du pouvoir, un instrument de gouvernance. Chose remarquable, ce trésor de la Couronne a perduré jusqu’à la chute du second Empire.» Malgré les mises en gage lors des guerres de Religion, les retailles des pierres sous Louis XV, les vols, dont celui, mémorable, du Garde-Meuble en 1792, les aliénations sous le Directoire, la France posséda la plus belle collection de bijoux jamais assemblée en Occident. Jusqu’à la vente scandaleuse de 1887 au cours de laquelle la République naissante, par haine de la monarchie, en supprima les plus flamboyants attributs : les diamants des rois. Les 77 486 pierreries et bijoux composant le trésor de la Couronne furent mis à l’encan et achetés par des joailliers (Boucheron, Bapst, Tiffany, etc.).
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