MPO
une gravure en résine d’acétate sort d’un bain de nickel. Délicatement, elle passe des mains expertes de Jean-Luc à celles, novices, de Jimmy. Quelques finitions – centrage, polissage –, et ils auront terminé la première étape de la fabrication d’un vinyle. Trente-cinq ans d’expérience séparent les deux opérateurs de MPO. Si, ici, en Mayenne, les gravures passent de main en main comme le savoir-faire entre générations, c’est parce que le vinyle connaît une véritable résurrection. Presque enterrée dans les années 1990-2000, la galette noire voit ses ventes exploser, loin d’une éphémère mode vintage. s’enthousiame Alban Pingeot. Tout juste arrivé de Londres, le président du directoire de MPO a en effet de quoi se réjouir. Il nous reçoit dans son bureau lumineux du site de Villaines-la-Juhel. Attention, ici, on ne fait pas que des vinyles. Le groupe MPO International, 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017, 700 collaborateurs dont 500 en France, a une triple expertise métier : pressage (CD, DVD, Blu-ray, vinyles), packaging et logistique. Mais il n’y a pas besoin d’insister de Dalida, est numéro un pendant trente et une semaines de suite, Pierre de Poix achète deux presses et crée les Moulages plastiques de l’Ouest. Le 26 octobre, les premiers vinyles sortent de la manufacture artisanale. C’est le début d’une longue histoire d’amour, célébrée par le slow des Platters, qui finit cette année-là en tête des ventes. Commencée dans la salle de billard du domaine, cette aventure industrielle se poursuit à la conquête des marchés ouverts par la mondialisation, tout en restant attachée au territoire où elle garde aujourd’hui ses racines. C’est peut-être cet ancrage dans la ruralité, d’ailleurs, autant que l’esprit de ses fondateurs qui ont forgé l’ADN de MPO : innover pour exister. Quand, dans les années 80, le disque optique fait son apparition, la PME ne se laisse pas impressionner par Sony et Philips, les géants du marché. Elle s’engage dans la bataille, s’internationalise (Etats-Unis, Thaïlande) et devient l’un des leaders mondiaux, sous l’impulsion des fils du couple de Poix, Loïc et Serge, qui ont pris la relève. Une stratégie de développement horizontal vers d’autres supports donc, doublée par la suite d’une diversification verticale dans les services. Mais revenons à nos sillons. En 2010, dans l’atelier historique d’Averton, près de Villaines-la-Juhel, seule une équipe de 25 employés reste affectée au vinyle. Les ventes sont au plus bas. Si le célèbre support n’a pas encore complètement disparu des bacs, maintenu en vie par une poignée d’artistes comme Daft Punk, la situation est critique. On envisage de cesser la production. Mais Monique de Poix n’arrive pas à s’y résoudre. L’histoire d’amour a beau ne plus être exclusive, elle est tenace. se souvient Alban Pingeot. Au rez-de-chaussée de l’usine, on aperçoit les opérateurs en blouse derrière les longs couloirs vitrés. Une odeur de chimie et de plastique monte aux narines des visiteurs. Le chemin des vinyles débute à la réception des laques originales envoyées par les labels. Depuis dix-sept ans, Roselyne Le Morillon s’assure d’un àil expert que le signal radio, creusé en sillon dans la résine, ne comporte ni point ni griffe.
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