Côté Est

Un ticket pour WENGEN

», raconte Guido Meyer, propriétaire de l’hôtel Regina ; datant de 1894, cette institution aux atours victoriens compte parmi les héritages Belle Époque que la voie ferrée de l’Oberland Bernois a mis sur rail. À regarder tentures et mobilier, dans ce cadre classé comme « héritage suisse », c’est à se demander si le temps n’a pas déraillé. Là, des chalets aux patines centenaires, qu’approchent bouquetins et chamois sauvages. Ici, des odeurs d’étable, qui font la fine fleur de fromages La majesté alentour n’en mérite pas moins. Quand le regard n’est pas aimanté vers la grandiose vallée, les yeux sont éblouis par un triumvirat alpin, tutoyant les 4 000 mètres : l’Eiger, dont la face nord offre une des ascensions les spectaculaires au monde, le Mönch et la mythique Jungfrau. Cette « jeune femme », selon sa signification littérale, a fait tourner la tête d’un industriel suisse, Adolf Guyer-Zeller. Lors d’une promenade, il eut la folle idée de partir à sa conquête, en repoussant les limites des trains à crémaillère. Coûtant la vie à plusieurs ouvriers, nécessitant 16 millions de francs suisses – soit le double de la somme prévue, l’entreprise dura seize ans. Et pour cause : pour atteindre le Jungfraujoch, autrement dit le col qui fait le pont entre la Jungfrau et le Mönch à 3 454 mètres de haut, il a fallu percer l’Eiger. Inauguré en 1912, traversant un tunnel, s’arrêtant dans le glacier, multipliant les panoramas, le trajet jusqu’à la plus haute gare d’Europe ne laisse de fasciner. Sujette à des températures extrêmes et des vents non moins violents, la terrasse panoramique du Sphinx immerge dans un grand blanc inconnu. Magnifiant les puissants reliefs, lacérés de séracs, le glacier d’Aletsch fige un fleuve géant, où le Rhône prend sa source. Avec ses 23 kilomètres de long, il a valu à l’ensemble du site son classement par l’Unesco au titre de patrimoine mondial. À l’abri des frimas, un voyage audiovisuel décrypte cette force aussi indomptable que fragile, pendant qu’un labyrinthe fait éprouver la glace sur 1 000 mètres carrés. De retour sur le plancher des vaches, où perdurent des droits de pâture, Wengen rehausse le magnétisme de sa villégiature : une terrasse au soleil et à l’abri du vent, auréolée d’une nature grandiose. « conclut Guido Meyer. ». Elle se trouve là, encore et toujours.

Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.

Plus de Côté Est

Côté Est1 min de lecture
L'esprit de Balthus
Le chalet du peintre. C'est l'ancien pavillon de tir et l'écurie, transformés en atelier pour Harumi, la fille du peintre Balthus. Il jouxte le Grand chalet, le plus grand édifice de bois de Suisse et l'un des plus grands d'Europe, qui fut la dernièr
Côté Est2 min de lecture
Brixen RETOUR À LA SOURCE
Ils ont l'esprit des refuges de montagne de la région du Haut-Adige, de ces alpages où l'on se retire pour vivre en autosuffisance. Conçus par l'agence d'architecture « Asaggio » de Gian Marco Giovanoli et Armin Sader à Bressanone, dans un style à de
Côté Est3 min de lecture
Haute Épure
Vous pensiez connaître le travail d'Angélique Buisson, talentueuse architecte d'intérieur experte en atmosphères montagnardes d'exception? Pourtant, chacun de ses sublimes chalets est une aventure unique, sans cesse renouvelée, condition, dit-elle, p

Associés