Portrait d’une ICÔNE
Au dernier Salon du meuble de Milan, Thonet présentait ses nouvelles créations contemporaines. Au rang du segment , parmi un fauteuil cadré par de l’acier tubulaire et un autre aux accoudoirs saillants ? Le canapé en bois courbé, dit 2002, autrement dit Parole de la manufacture allemande : cela fait bientôt deux cents ans qu’elle caracole sur son savoir-faire iconique, popularisé par la logistique. , raconte Valérie F. Lécuyer, responsable des ventes pour la France. Corollaire de cette modernité visionnaire, vendue à un prix démocratique qui ne dépassait pas celui d’une bouteille de vin, cette pièce de mobilier s’impose comme un produit de masse, convoité de Moscou à Chicago. Car, loin de se satisfaire de son en bois tourné et de ses déclinaisons, dont le fauteuil 209 adoubé par Le Corbusier, Thonet inspire les plus grands architectes avec un nouveau matériau : l’acier tubulaire. Avec des créations aux lignes toujours claires, signées Marcel Breuer, Ludwig Mies van der Rohe, Mart Stam, Charlotte Perriand et autres tenants de la « Nouvelle Objectivité », cette deuxième gamme ajoute en série des icônes, collec - tionnées par le Centre Pompidou, le British Museum comme le Museum of Modern Art (MoMa) à New York. Et, pendant que leurs collections se mettent à jour des collaborations contemporaines, les meubles historiques atteignent des prix records dans les ventes aux enchères. Il s’en est fallu de peu pour que ces créations intemporelles ne deviennent irrémédiablement des pièces de musée : entre expropriation et destructions, Thonet perd en effet tout son outil productif après la Seconde Guerre mondiale. En lieu et place de la dernière usine qui a vu le jour, l’arrière-petit-fils du génial inventeur fait reconstruire le site de Frankenberg/Eder. Très vite, le succès commercial revient, ainsi que les collaborations avec des talents tels que Verner Panton, Pierre Paulin et lord Norman Foster. Dans ce nord de la Hesse, c’est aujourd’hui la cinquième génération, déjà relevée par la sixième, qui perpétue le savoir-faire de la manufacture allemande. , se plaît à résumer Philipp Thonet. Prendre de longues tiges de hêtre ou de frêne. Les plonger six heures dans une cuve à vapeur de plus de 100 degrés. Les cintrer en moins de trois minutes sur le moule ad hoc, sous peine de casser le bois. Les placer deux jours dans une chambre de séchage. Desserrer les étaux. Polir ce bois, aussi robuste qu’élastique... Une belle orchestration. N’est pas Thonet qui prétend l’être !
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