Biarritz fait son festival
mpériale, balnéaire, surfeuse, basque… autant dire inclassable, Biarritz est avant tout une folie. Bâtie au tournant d’un siècle, dans une période d’euphorie où les expositions universelles faisaient bondir le progrès, la belle Basque regarde d’un même flegme princier les d’autres têtes couronnées et grandes fortunes d’Europe affluent. En moins de dix ans sortent de terre plus de trois cents villas. Mauresque, anglo-normand, médiéval ou néobasque, l’art du pastiche tient là son acmé. Puis vient le temps des Années folles. Casinos et cabarets s’ouvrent en grand pour des fêtes exaltées, aussi pétillantes que le champagne qui coule à flots. Sarah Bernhardt y croise Charlie Chaplin et Pablo Picasso. Coco Chanel sourit à Édouard VII sur fond de rythmes tziganes d’un cabaret à la villa Belza. Gatsby aurait adoré. Les lieux de culte, chapelle impériale ou église orthodoxe russe, portent la ville sur les fronts baptismaux du tourisme naissant dans le froissé des taffetas et le vrombissement des premiers bolides. La ville elle-même devient culte. L’hiver à Saint-Moritz, l’été à Biarritz, pas de meilleur point de vue pour arbitrer les élégances. Il faut dire qu’elle a du répondant. Le swag de l’époque la suit de près. Loin des marins qui laissaient derrière eux le rocher de la Vierge en partant chasser la baleine, ses vagues mythiques, la rare et furieuse Belharra en tête, lui ont dessiné ce destin balnéaire qui fait aujourd’hui fantasmer les surfeurs du monde entier. résumait déjà Sacha Guitry. La promenade au phare, en passant devant le golf centenaire, le deuxième construit en France après celui de Pau, est la meilleure façon de deviner du regard ses rivages: la Chambre d’Amour, Miramar, la Grande Plage, Port Vieux, la Côte des Basques, Milady et ainsi de suite jusqu’à l’Espagne via Bidart et Guétary, eux aussi riches en spots de légende. Au pied du château d’Ilbarritz (qui se languit d’une renaissance toujours retardée), les golfeurs sont assurés de marquer des points. Combinant beauté du panorama et technique du jeu, le géant sur sept hectares se dit unique en Europe. Quand les nuages sont de sortie, tout le monde se replie à la Cité de l’Océan et à l’Aquarium, qui mutualisent leurs efforts pour apprendre aux bambins et à leurs parents à reconnaître les fonds marins, de manière ludique et interactive. Avec, entre autres, Seaborg, la nouvelle attraction de réalité virtuelle qui n’a pas fini de leur mettre la tête à l’envers. Le soleil revenu, il est l’heure de filer sur la Côte des Basques pour applaudir sa course écarlate, un verre à la main. L’heure d’aimer Biarritz. À la folie.
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