Odeur de Muffin
Par Denys Leclaire et Valérie Desrochers
()
À propos de ce livre électronique
Dans une histoire teintée d’humour et de courage, Denys Leclaire expose les jeunes lecteurs (et les moins jeunes) au phénomène de la douleur et à l’importance du mouvement pour stimuler la guérison. L’œuvre met en valeur le rôle du physiothérapeute et la contribution des chiens Mira dans le processus de réadaptation.
Denys Leclaire
Denys Leclaire est amoureux fou du cyclotourisme et d’écriture ! L’auteur, qui a voyagé à vélo dans plus d’une dizaine de pays, partage avec le public son cheminement pour la création du récit et des personnages hauts en couleur. L’auteur est physiothérapeute de formation et les chiens d’assistance MIRA n’ont aucun secret pour lui ! Il est cyclotouriste par amour du vélo, du plein air et de la liberté, et a traversé le Canada à vélo en solo à l’âge de vingt ans sur son vieux Garlatti rouge acheté à l’âge de quatorze ans avec les sous gagnés comme livreur de pharmacie. Depuis, il a parcouru neuf pays, dont la France et les États-Unis, et rêve de parcourir la Véloroute du Rideau de Fer, ce trajet de 10400 km chevauchant l’ancienne frontière qui existait entre le Bloc communiste et l’Europe de l’Ouest.
Avis sur Odeur de Muffin
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Odeur de Muffin - Denys Leclaire
1
Raté sur toute la ligne !
Mon nom est Coralie. Je fréquente l’école primaire Saint-Jean-Bosco et je pratique la gymnastique au centre sportif municipal. Enfin, je pratiquais ce sport avant « la » catastrophe.
Ma discipline préférée ? Les barres parallèles où tu dois alterner des phases d’élan et de vol ponctués d’arrêts en forme d’équerre. Malheureusement, cette discipline est réservée aux garçons. Pourtant, même si mes muscles ne paraissent pas autant que ceux de Bernard, la supposée vedette des barres, ils sont au moins aussi forts. Il fallait voir la mine contrariée de Bernard quand je réussissais mieux que lui mes atterrissages au sol. On me surnommait la fusée rousse, car ma queue de cheval prenait l’allure du feu s’échappant d’une fusée lors des routines.
Tout ça pour dire que mon entraineur m’a proposé la poutre, une discipline 100 % féminine. C’est la seule fois de ma vie où je n’aurais pas dû l’écouter. À la première tentative pour effectuer une roulade sur cette planche aussi étroite qu’une rampe d’escalier, mon pied gauche a raté la cible. Et voici le résultat : ma carrière d’athlète est finie. « La fusée rousse a piqué du nez », a clamé Bernard, spécialiste des barres.
Je ne l’ai pas du tout trouvé drôle.
Six semaines plus tard et un plâtre en moins, ma cheville est raide comme une barre de fer et la physiothérapeute n’entend pas abandonner le projet de la faire plier.
Illustration: Un muffin (petit gâteau rond et plat) dans un moule de papier.2
Ras-le-bol
Je râle entre mes dents en espérant que Victoria m’entende.
Victoria est ma physiothérapeute et elle ne sait dire qu’une chose qu’elle répète d’ailleurs mille fois pendant une séance d’une heure : il faut mettre un peu de poids sur ta jambe blessée.
J’ai compris !
Je me suis fracturé le péroné, madame Victoria, pas la tête.
Mais si je n’y arrive pas, c’est parce que j’ai mal. Elle, elle dit que j’ai peur d’avoir mal. Qu’est-ce qu’elle en sait ? Elle n’est pas blessée, à ce que je vois !
– Ras-le-bol ! murmurè-je pour la deuxième fois.
J’essaie de suivre ses consignes. Cependant, après un mois d’immobilité dans un plâtre, cette jambe gauche ne m’obéit plus.
La physiothérapeute brandit son machin à mesurer.
– Tu te souviens du nom de cet instrument ?
– Une… Un… cheville-o-mètre ?
– Un goniomètre, me corrige-t-elle pour me montrer qu’elle peut dire autre chose que tu dois mettre un peu de poids sur ta jambe blessée.
Connaitre le nom de ce rapporteur d’angles formé de deux règles reliées par un cercle gradué ne calme pas la douleur.
La physiothérapeute aligne consciencieusement le go-ni-o-mè-tre sur mon articulation, en fait la lecture et l’inscrit à mon dossier. Elle se relève triomphante.
– Ta cheville a gagné vingt-six degrés de mobilité en une semaine. Bravo, Coralie !
