Yabusame: Au galop vers les dieux
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À propos de ce livre électronique
Son récit, illuminé par les photographies de Moriyama Masatomo, nous entraîne dans un Japon éternel où le geste devient prière, et chaque flèche une offrande. Entre journal personnel, regard historique et méditation esthétique, Yabusame – Au galop vers les dieux invite à la découverte d’un art qui dépasse la technique pour rejoindre la voie du sacré.
C’est aussi l’histoire d’un homme occidental qui, à travers l’apprentissage du Yabusame, retrouve l’unité perdue entre le corps, l’esprit et le monde. Dans la beauté du geste, il perçoit la noblesse du service, la fidélité au maître et la grâce du mouvement.
Un livre d’initiation et de contemplation, d’une élégance rare, qui ouvre un dialogue entre l’âme japonaise et la tradition chevaleresque européenne.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Diplômé d’HEC, Jean Donnadieu découvre le "Yabusame" au Japon lors de ses débuts chez Hermès. Après une carrière internationale au sein de l’Alliance Renault-Nissan, il revient à cette passion du cheval et de la voie martiale. Seul Français formé au tir à l’arc à cheval dans la lignée Ogasawara, il est aujourd’hui autorisé à officier dans les sanctuaires shintoïstes. Son oeuvre conjugue rigueur occidentale et spiritualité orientale, dans une quête d’harmonie et de beauté.
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Aperçu du livre
Yabusame - Jean Donnadieu
Citations
« Arrêter, le temps d’un souffle, les mains occupées aux travaux de la terre, obliger les hommes absorbés par la vision d’objectifs lointains à contempler autour d’eux une image de formes, de couleurs, de lumière et d’ombres ; les faire s’arrêter, l’espace d’un regard, d’un soupir, d’un sourire, tel est le but, difficile et fuyant, et qu’il n’est donné qu’à bien peu d’entre nous d’atteindre. »
Joseph Conrad
« Il parle à notre capacité de joie et d’admiration, il s’adresse au sentiment du mystère qui entoure nos vies, à notre sens de la pitié, de la beauté et de la souffrance, au sentiment latent de solidarité avec toute la création ; et à la conviction subtile mais invincible de la fraternité qui unit la solitude d’innombrables cœurs : à cette fraternité dans les rêves, dans la joie, dans la tristesse, dans les aspirations, dans les illusions, dans l’espoir et la crainte, qui relie chaque homme à son prochain et qui unit toute l’humanité, les morts aux vivants, et les vivants à ceux qui sont encore à naître. »
Joseph Conrad
Préface de Ogasawara Kiyomoto
32e représentant de la famille Ogasawara, et de son École sur l’Étiquette, le Tir à l’arc et le Yabusame (tir à l’arc à cheval).
Les chevaux sont des animaux beaucoup plus grands que les humains et, bien qu’ils ne comprennent pas totalement notre langage, ils sont capables de communiquer avec nous. Ils sont utilisés pour aider les hommes dans leur travail ou pour leurs loisirs, mais dans le cas des samouraïs, ils étaient leurs compagnons de bataille. Ils étaient élevés pour leur obéir, mordre et frapper leurs ennemis à coups de pied. Ils vivaient dans le domaine de leur maître et formaient avec lui une véritable famille.
Les mors japonais traditionnels étaient plus fins qu’on ne l’imagine aujourd’hui. La mâchoire du cheval japonais était puissante, et l’habileté des cavaliers a conduit à l’utilisation de mors fins de filet. Notre histoire équestre dit également que les rênes doivent être manipulées « comme si un rossignol joue du koto ». Cela signifie que les rênes se tiennent avec la même légèreté qu’un rossignol pince les cordes de la cithare. Aujourd’hui, les chevaux ont évolué et les mors plus épais sont devenus la norme. Je crois que la culture équestre et l’amour des chevaux sont chose commune dans le monde, quelle que soit l’époque ou le pays.
Le Yabusame (tir à l’arc à cheval) est l’art de tirer des flèches à partir d’un cheval au galop, les deux mains libres. Cela ne peut se faire sans une relation de confiance totale entre le cheval et l’homme. Seuls les guerriers samouraïs de haut rang pouvaient tirer à l’arc à cheval. Bien que l’arc soit une arme permettant d’attraper des proies et de vaincre des ennemis, on dit aussi qu’il est un miroir de soi-même. On l’appelle « miroir » parce que le simple fait de tirer et de lâcher sa flèche et d’atteindre une cible immobile montre l’état d’esprit dans lequel on se trouve. Dans le Yabusame, le cheval galope et son cavalier bouge avec lui, de sorte que même une cible immobile a une signification légèrement différente. Mais la fusion du mouvement et de l’immobilité, où le cavalier semble immobile face au mouvement du cheval, est l’essence même du Yabusame. Pour créer cette impression d’immobilité, alors que tout son corps est en mouvement, le cavalier s’entraîne et améliore son art. Ainsi, le Yabusame est organisé comme cérémonie religieuse et attire le public.
Depuis environ 800 ans, le Yabusame a été une formation et une fierté pour les samouraïs, ainsi qu’un rituel célébré dans les sanctuaires shintoïstes. Cependant, avec la modernisation du Japon, diverses personnes s’y impliquent et le Yabusame devient un rituel ouvert au grand public, que tout le monde peut admirer. Le Yabusame organisé par la famille Ogasawara rassemble parfois jusqu’à 30 000 personnes dans certaines cérémonies. Au cours des 50 dernières années, des femmes et des étrangers ont également commencé à pratiquer le Yabusame et à participer au rituel. Contrairement à l’image idéale des cérémonies majestueuses où tout paraît simple, l’entraînement du Yabusame est très direct, exigeant, de sorte que la plupart des personnes qui l’apprennent abandonnent devant les difficultés dès la première année.
On dit chez nous qu’il n’y a qu’un seul bon archer tous les dix ans. L’auteur, Jean, a commencé à s’entraîner au tir à l’arc à cheval dans l’École Ogasawara il y a dix ans, dans sa quarantième année passée. Je pensais au début qu’il serait difficile pour lui de progresser en raison de la barrière de la langue, de son âge (il est conseillé de commencer sa pratique à l’adolescence) et du fait que son corps était rigide comparé à celui des archers japonais. Cependant, grâce à sa pratique inlassable, il s’est amélioré au point de servir aujourd’hui dans les différents sanctuaires du Japon, pour honorer les kamis. Je vous invite à lire son livre illustré des photos de Moriyama Masatomo. Découvrez ses réflexions sur la poursuite de son entraînement du Yabusame, les difficultés et les sacrifices qu’il a surmontés et sa fascination pour cet art. Et n’hésitez pas à venir au Japon pour assister à sa performance héroïque.
Signature Ogasawara Kiyomoto en Kanji
La famille Ogasawara a joué le rôle d’instructeur de l’Étiquette, du Tir à l’arc et du Yabusame, auprès des Shoguns et la classe des Samouraïs de l’année 1187 à 1868. Depuis, cette famille a créé son École et enseigne bénévolement les bases de ces trois arts au Japon. Elle possède des centres d’entraînement aux États-Unis, en Californie et Hawaï, en Pologne et en Russie.
Préface de Patrice Franchet d’Espèrey
Le livre de Jean Donnadieu renferme des trésors qui incitent à une lecture prolongée suivie d’un temps de méditation. Le lecteur peut le parcourir comme un reportage documentaire et se satisfaire d’apparences plus ou moins exotiques et dépaysantes. Cependant, il sera emporté presque malgré lui à sonder la richesse transformatrice de l’expérience de l’auteur et la profondeur des principes sur lesquels reposent non seulement la discipline du Yabusame mais l’art de vivre ancestral des japonais. Des dizaines de siècles concentrés dans un geste, le lâcher de la flèche. Ce texte révèle des mystères qui régissent l’art de transmettre autrement que chez nous.
La métaphore platonicienne des « Paroles gelées » de François Rabelais dans « Le quart livre¹ » en livre une clef : En pleine mer, Pantagruel voit des dragées de toutes couleurs tomber sur le tillac du bateau. Ce sont des paroles et des bruits de bataille gelés l’hiver précédent au cours d’une bataille et qui se dégèlent au printemps et notamment quand ils sont réchauffés dans ses mains. Il existe un printemps de l’esprit lorsque, après un certain temps de mûrissement inconscient, le sens enfoui s’épanouit.
Ici, une tradition orale, peu palpable, insaisissable à celui qui ne la pratique pas², se fige par l’opération de l’écriture. Le livre trouvera sa place dans des bibliothèques où il faudra s’asseoir pour l’ouvrir. Une bouteille est lancée dans la mer des temps futurs. Puis il sera ouvert. Ouvrir un livre est un acte précieux. Avant, tous les sens sont encore « possibles ». Mais il est impénétrable, vraiment fermé. Sa reliure offre une résistance qui le protège de l’intrusion avant qu’une main n’intervienne et par l’écartement des pages permette enfin la délivrance de leurs messages… tout au moins en partie. Parfois les livres sont rétifs !
L’œuvre de Jean Donnadieu est une gageure qui fait entrer le Yabusame dans l’espace de la rationalité descriptive alors que la pédagogie japonaise se fonde sur un enseignement oral et l’emploi de métaphores et d’images. C’est un témoignage, non d’un simple observateur, mais un témoignage de ce qu’a vécu un pratiquant imprégné d’une autre forme de pensée que celle de sa naissance.
En effet, l’ancienneté de la discipline, sa conservation et sa transmission au sein d’une même famille au cours des siècles excite notre curiosité. Le maître-archer de l’auteur, Ogasawara Kiyomoto, est le 32e représentant de la famille Ogasawara. À raison de trois générations par siècle on en déduit dix siècles de détention et transmission du savoir pratiquement de père en fils. Pour l’Orient, la filiation permet l’imprégnation dès le plus jeune âge de l’esprit de la discipline. Cet esprit devient essentiel et dépasse le niveau technique, même si celui-ci reste essentiel. La quête d’un savoir-être par le savoir.
L’attitude bénévole du maître est le fondement de la transmission. L’ayant vécu dans mes relations avec mon vieux professeur d’équitation René Bacharach, je peux en témoigner d’expérience³.
« Ogasawara Kiyokane 28e du nom ordonne strictement à ceux qui lui succèdent dans la lignée du dōtō d’avoir également une profession et de gagner leur propre vie. Selon lui, l’échange d’argent conduit à des compromis entre le maître et son élève et l’art du Kyu-ho perd de sa valeur sacrée et de sa dignité s’il est monétisé.⁴ »
Dans la richesse de ce livre qui dévoile les différents aspects du Yabusame, on découvre aussi les techniques artisanales ancestrales, le tressage des coiffures, la fabrication de l’arc, des flèches, du harnachement, le détail de l’habillement, le contexte religieux shintoïste, les rituels, les sanctuaires où se déroulent les cérémonies. Et même, une autre discipline enseignée par cette famille, le « Rei-hō, », l’Étiquette, qui dépasse ce que nous définissons comme un ensemble de règles, de normes, appelées « bonnes manières » qui gouvernent le comportement en société.
En effet, si le « Rei-hō, » modèle les mouvements quotidiens du corps dans ses déplacements, il le prépare à recevoir d’autres enseignements spécifiques. C’est qu’il enseigne à intégrer l’espace dans lequel un homme évolue, les personnes qui s’y trouvent et en particulier « à estimer la fonction des objets » pour rendre, « nos mouvements plus simples, plus pratiques et plus beaux⁵ ».
Deux exemples.
Le premier, donné par l’auteur à propos de la synergie des forces de l’arc et de l’archer :
« D’un point de vue esthétique, l’arc de bambou, quand il est bandé à l’aide de sa corde, exerce déjà une force naturelle, car il est tendu à l’opposé de sa cambrure originelle. Donc l’arc tendu est déjà en éveil, il est tendu par la propre force de l’objet. Si l’archer vient en plus ajouter son énergie à celle de l’arc, alors les forces s’additionnent, et quand l’archer lâche sa flèche, elle est portée par l’énergie de l’arc dans sa cambrure qui se rapproche de son état d’origine. »
L’autre issu de ma pratique équestre fondée sur un principe transféré de l’Aïkido et qui consiste à accompagner les mouvements naturels et nécessaires de la locomotion du cheval pour le conduire en les amplifiant. La relation de l’homme envers son cheval et du cheval envers l’homme s’établit en douceur par un double mouvement d’accompagnement :
« Si, grâce aux exercices de flexion par mouvement induit, les muscles de la nuque sont relâchés, la bouche (du cheval), passive, suivra tous les mouvements de la main (du cavalier) qui s’inscrivent dans la dynamique des ondulations de la locomotion qu’elle ne restreint pas. Le cavalier suit (se met en concordance avec) les mouvements du cheval qui suit (se met en concordance avec) les mouvements du cavalier⁶. »
L’auteur décrit l’entraînement méthodique au dōjō par la répétition des mouvements dans une plus grande amplitude que nécessaire et la « lenteur portée par la respiration » afin qu’un jour arrive ce que Herrigel a décrit en « tendre l’arc et attendre que le coup parte de lui-même ».
« Le tir à l’arc doit se réaliser comme une danse : il faut lui donner un feu intérieur, mais sans conscience, sans intention. Car quand l’intention se crée, alors la tension apparaît⁷. »
Travail de la posture au sol, sur le cheval de bois ; tir à l’arc à pied avec un artefact, sur le cheval de bois avec l’arc, etc., c’est aller du simple au complexe en décomposant les différents éléments à intégrer. Il me semble que cela corresponde assez bien à notre esprit cartésien. En comparaison, je cite une autre expérience, celle de Neil Claremon⁸ dont le maître-archer ne fait enfourcher un cheval que lorsqu’il est devenu capable de marcher en sous-bois en tenant l’arc sans ne plus en être gêné.
Autre réflexion que suscite le Yabusame. Il est convenu qu’une pratique ne puisse rester dans une forme immuable. Les Déclarations préalables de la Convention de l’Unesco en 2003 insistent sur le caractère évolutif de toute pratique y compris traditionnelle et précisent que sauvegarder ne signifie pas pour autant « fixer » ou « figer » le patrimoine culturel immatériel sous quelque forme pure
ou originelle
. L’étude d’une évolution du Yabusame serait passionnante. En tout état de cause, les archers constatent que, lorsque la technique est incarnée, un style propre apparaît. Paradoxe de l’écriture, écueil des mots.
Qu’en reste-t-il, lorsque la lecture est achevée et que le livre se referme sur lui-même ? De même, lorsque la troisième flèche est tirée, qu’elle a atteint la cible, que reste-t-il ? La flèche a joué son rôle, l’arc s’est brutalement détendu et, pendant que le cheval reprend son souffle et que l’esprit de l’archer oublie, douze siècles, soit 32 générations de relations continues de maître à élève s’achèvent à nouveau.
Je ne peux laisser le lecteur entrer dans le texte lui-même sans évoquer l’art du photographe Moriyama Masatomo. On parle « d’instantané » qui découpe une tranche de temps et la met en conserve. Avec son « clic » de moins d’une seconde, l’œil du photographe capture plus que 32 générations, toute une civilisation et nous donne à contempler des moments immuables : la beauté des objets, le chatoiement des étoffes, les cerisiers en fleur derrière les archers chevauchant, la lumière du jour qui pointe à peine, l’aube qui nous remet au travail, la « furia » du galop, l’impact de la flèche. Ajoutons que la photographie de Ogasawara Kiyomoto, le maître de l’auteur est un chef-d’œuvre de dépouillement, d’ascétisme.
Mais, une préface n’est pas le livre. Elle a pour fonction d’introduire le lecteur dans le livre. Le préfacier arrête sa marche à l’orée de la première ligne de l’auteur et disparaît aux yeux du lecteur. Il n’interfère plus.
Pour conclure, j’évoque simplement l’adieu d’Eugen Herrigel à son maître :
« En guise d’adieu, qui n’en fut pas un, le Maître me remit son meilleur arc. "Quand vous tirerez avec cet arc, vous sentirez la présence de la maîtrise de votre maître. Qu’aucun curieux ne l’ait entre les mains ! Ne le conservez pas en souvenir quand vous en aurez retiré tout ce qu’il pouvait vous donner, détruisez-le et qu’il n’en demeure qu’une poignée de cendres ! ⁹ " »
M. Patrice Franchet d’Espèrey a publié plusieurs ouvrages sur l’histoire de l’équitation et les techniques équestres, notamment La Main du maître (2007) et D’une main déliée (2023). Il fut responsable du centre de documentation de l’École nationale d’équitation, devenue depuis Institut français du cheval et de l’équitation après son regroupement avec les Haras nationaux.
1 François Rabelais, Œuvres complètes (originale et traduite en français contemporain), aux Éditions du Seuil, 1973, p. 729 à 733.
2 Thérèse d’Avila, Le Livre de ma vie, Paris, Éditions du Cerf, 1995, p. 75 : « J’ai pitié de ceux qui commencent sans autre secours que celui des livres. Il est étonnant de constater à quel point la lumière qu’ils fournissent est différente de celle que l’on acquiert par l’expérience.
3 Je renvoie à mes deux ouvrages publiés aux éditions Odile Jacob, La main du maître, en 2007 et D’une main déliée, en 2013.
4 Jean Donnadieu, Yabusame Au galop vers les dieux, Saint-Léger éditions, 2025, p. 47-48, § 3.
5Ibid., p. 75.
6 Patrice Franchet d’Espèrey, D’une main déliée, Éditions Odile Jacob, 2023, p. 119, § 4.
7 Jean Donnadieu Yabusame Au galop vers les dieux, op. cit., p. 79.
8 Neil Claremon, Sen en mouvement, leçon d’un maître-archer sur la respiration, la posture et la voie de l’intuition, traduit de l’anglais, PARDES, 1991.
9 E. Herrigel (Bungaku Hakushi), Le Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc, traduit de l’allemand, préface du professeur D. T. Suzuki, Lyon, Éditions Paul Derain, 3e édition, 196, p. 73.
Introduction
Comment le Yabusame se livre à moi,
jeune français, comme une révélation de la beauté
« Se vogliamo che tutto rimanga como è, bisogna che tutto cambi. »
Giuseppe Tomasi di Lampedusa
Telle est la magie du photographe et de son regard : il capte la pause, la fige, l’immobilise. Et comment peut-on immobiliser un homme sur son cheval au galop. S’il galope ainsi, c’est sans doute qu’il veut être libre, et désire ne pas se figer, ne pas s’arrêter. Ainsi de ce livre avec Moriyama Masatomo. Je veux expliquer avec mes mots comment le cheval nous rend libre, nous archers de Yabusame. Expliquer que pour cela, dans cette recherche, nous archers devons être toujours en mouvement, dans nos corps et dans nos esprits. Et Moriyama Masatomo, avec ses photographies, arrêtera le temps, le sculptera comme une statue. Et de cette rencontre entre mes mots et ses photographies naît ce livre, ce désir de Yabusame 流鏑馬 : Au galop vers les dieux !
Tout changer, pour que rien ne change. C’est une question d’esthétique, d’autres diront de morale. Les archers Ogasawara doivent, pour jouer le rôle
