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Trois Artistes Tunisiennes
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Livre électronique149 pages1 heure

Trois Artistes Tunisiennes

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Michèle Cohen Hadria interviewe trois artistes tunisiennes; Nicène Kossentini, Mouna Karray et Moufida Fedhila.Chaque interview parle du travail, depuis la révolution en la Tunisie, de chacune de ces artistes et présente une discussion dans un contexte politique de la Tunisie contemporaine.   


LangueFrançais
ÉditeurKT press
Date de sortie10 sept. 2013
ISBN9780953654192
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    Trois Artistes Tunisiennes - Michèle Cohen Hadria

    La Tunisie: ou l'exigence d'une éthique citoyenne

    Pays affable situé la côte Est de l'Afrique du Nord, le long du littoral méditerranéen, la Tunisie est connue pour la clémence de son climat, ses paysages bleutés, parfois presque irréels, comme pour la gentillesse et le sens de l'hospitalité de son peuple. Sa superficie, relativement modeste, comparée à celle de ses voisins maghrébins, Maroc, Algérie, Libye et Mali, formant avec elle, le Maghreb (qui se traduit en arabe par « Occident » de l'Islam), ne préjuge en rien d'un destin singulier dû à des privilèges dont elle bénéficia au long de son histoire. De l'éclatante puissance punique de Carthage, à son annexion en tant que province latine; de la conquête de l'Islam où elle jouira d'une autonomie précocement concédée par le prestigieux califat de Bagdad, à l'âge d'or de la dynastie Abasside, celle qui ne se nommait pas encore « Tunisie » sera appelée « Ifriqiya » par les conquérants arabo islamiques. Le déclin de l'empire musulman, donnera lieu à l'annexion par les Ottomans, des pays de la côte de l'Afrique du Nord (à l'exception du royaume marocain). Au gré de ces sédimentations, on a pu dire ainsi de Tunisie qu'elle est le pays d'Afrique du Nord à la fois le plus arabisé et le plus marqué par l'empreinte ottomane. Elle profitera de plus, par rapport à ses voisins libyens et algériens, d'une autonomie particulière à travers l'instauration par les Ottomans d'une dynastie monarchique que leurs souverains, les beys, incarneront jusqu'à l'Indépendance en 1956. A la fin du XIXe siècle, en 1881, les autorités beylicales auront du moins évité le statut de colonie à la Tunisie, en obtenant pour elle celui de protectorat consenti aux Français, l'exemptant ainsi d'être définie comme « province française », telle que le fut l'Algérie dés 1830.1 Malgré l'euphémisme ou la dérisoire dichotomie que le terme de protectorat représente face à toute domination, cette somme de particularités historiques acquises au long de son histoire contribuèrent toutefois, me semble-t-il, à une certaine physionomie de la « personnalité tunisienne ».2

    Je m'appuie ici sur le terme employé par l'intellectuel algérien Mohammed Arkoun, lorsqu'il use globalement pour le Monde arabe de l'intéressante expression de « personnalité arabo-musulmane ». Sans doute l'auteur référait – il à la notion de « oumma »; communauté des croyants, groupe et esprit de corps, constante qu'on retrouve d'un bout à l'autre du Monde arabe. Alors qu'en Europe la notion de famille commence à se déliter au milieu des libertaires années 60 et que les sujets s'atomisent de façon croissante, le concept de groupe hiérarchisé dans le Monde arabe sera mis à mal au XXIe siècle par une montée en puissance de l'individu, (un individu, certes désorienté) dans sa nouvelle conscience d'être sujet social et de citoyen qui retrouvera une paradoxale convergence – collective – dans l'émergence de nouvelles sociétés civiles, de plus en plus transnationales.

    Ce peuple tunisien réputé comme comme l'un des plus doux de la Méditerranée – mais doux ne signifie pas soumis – vient, en tout cas d'attester aux yeux du monde à partir du 14 janvier 2011 d'une capacité de révolte, trop douloureusement tue sous les dictatures Bourguibienne et Ben Alienne. En raison de son tissu social extraordinairement unifié, indique le philosophe tunisien Youssef Seddik, cette révolte se caractérisera par une solidarité presque partout unanime. L'obédience mafieuse d'un Ben Ali se révélant sans commune mesure, cela va sans dire, avec son illustre prédécesseur, Bourguiba, tant au plan de la personnalité, que de la culture intellectuelle et de la stature historique. Les années de plomb de ces deux régimes autocrates aux genèses certes incommensurables n'ôtèrent rien à la lucidité des Tunisiens face aux censures. Comme l'indiquent Sophie Bessis, Zakya Daoud et Ilhem Marzouki, le féminisme tunisien, malgré l'avancée du Code du Statut personnel, sera marginalisé par Bourguiba même, puis instrumentalisé par Ben Ali, et fera ainsi les frais d'autant de confiscations liberticides.3

    Si les artistes tunisiennes Moufida Fedhila, Mouna Karray et Nicène Kossentini (et les artistes arabes en général) ne se sentent pas nécessairement militantes, ni « féministes » au sens qu'il revêt en Occident, elles le sont naturellent, à mon sens, en tant qu'héritières du statut du Code Personnel bourguibien dont bénéficièrent leurs mères et qui reste toujours à préserver. Sans être nommée ou revendiquée, cette défense de leurs droits sociaux et artistiques (qui vont de pair), s'impose comme une évidence plus sociale et personnelle que spécifiquement engagée. L'esprit reste donc le même, dans le sillage de luttes nationalistes assurées aux côtés des hommes par les femmes arabes: fidèle donc, aux acquis et prompt à leur

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