Des tuniques blanches à capuche conique, des parades nocturnes et des expéditions contre des Noirs à la lumière des croix enflammées évoquent vivement le Ku Klux Klan (ou KKK). Pourtant, cette représentation contraste avec la réalité actuelle de l’organisation. Déclinant depuis les années 1970, le KKK est aujourd’hui plus relégué au rang d’étiquette pour désigner la nébuleuse suprémaciste blanche qu’une organisation à proprement parler. « On estime qu’il y a 10 000 à 15 000 membres revendiqués, mais leur unité se limite à des rituels et à l’utilisation du nom du Klan », précise Kristofer Allerfeldt, professeur d’histoire américaine à l’Université d’Exeter (Royaume-Uni) et auteur du livre The Ku Klux Klan : An American History (The History Press, 2024).
L’image persistante que nous avons du KKK trouve ses racines dans la guerre de Sécession. De 1861 à 1865, les États-Unis se déchirent : les États de la Confédération, également appelés « le Sud », se séparent de l’Union. Au cœur de cette division, la question de l’abolition de l’esclavage. Les États du Sud s’y opposent farouchement, tandis que les États de l’Union et le président élu en 1860, le républicain abolitionniste Abraham Lincoln, la soutiennent. Cette fracture idéologique est exacerbée par le modèle agricole du Sud, reposant sur les plantations de coton et le travail non rémunéré des esclaves noirs, qui constituent un tiers de la population des États esclavagistes en 1860. La perspective de