Vous réfutez tous deux la terminologie d’« extrême droite », pour quelle raison ?
Charles Sapin : Je couvre depuis six ans les forces nationalistes et je suis confronté à cette terminologie qui semble indépassable, mais que je trouve très inconfortable pour plusieurs raisons. La première, parce que le terme d’« extrême droite » n’a pas de définition unique ni arrêtée. C’est ce qu’on appelle communément un mot-valise. Chaque personne qui l’emploie met, peu ou prou, ce qu’elle veut derrière. Si vous êtes de gauche, du centre ou de droite, ce terme ne recouvrira pas la même réalité. Ce qui est problématique pour un journaliste qui espère être précis et être compris, sans forcément avoir à produire sa fiche d’identité. La seconde raison est que ce terme est souvent utilisé à des fins militantes pour mettre sur un pied d’égalité des choses qui n’ont rien à voir : les totalitarismes génocidaires du XXe siècle, des groupuscules violents qui veulent mettre à bas les institutions de la République, et des forces politiques qui, depuis leur création, se sont toujours soumises aux urnes, respectent les institutions de la République et le jeu démocratique…
En effet, le terme d’extrême droite est généralement utilisé à des fins partisanes. Sa seule utilité est de situer un parti sur un échiquier politique. Mais à ce moment-là, il faut l’utiliser de