Le nom de Tacite résonne encore, mais son œuvre, son visage et sa vie sont aujourd’hui méconnus. Comment l’expliquer ?
Tacite a été incontournable jusqu’au milieu du XIXe siècle, quand la littérature latine faisait encore partie intégrante de la constitution des élites. Aujourd’hui, même dans les cursus d’humanités classiques, cet auteur majeur n’est plus étudié que par extraits : ses « grandes pages » sur Néron, par exemple. Mais qui a lu dans son intégralité La Germanie ou le Dialogue des orateurs ?
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à Tacite s’il n’est plus à la mode ?
Parce que je crois que l’humain est éternel. Qu’il n’y a pas de différences fondamentales entre l’humanité d’aujourd’hui, dans sa psychologie et dans ses ressorts, et celle du Ier siècle après Jésus-Christ. Que, par conséquent, les grands penseurs du passé, ceux qui saisissent l’humain, même si nous les oublions parfois, sont également immortels. Ils parlent de ce que nous sommes, encore aujourd’hui.
« L’humain passe infiniment l’homme », écrivez-vous, paraphrasant Pascal. Que signifie cette formule ?
Elle postule l’existence d’une substance surplombant l’homme individuel, qu’on appelle l’humain. Dire d’un crime qu’il est « inhumain », alors que c’est bien un homme qui l’a commis, c’est reconnaître qu’il existe au-dessus de