À 83 ans, la star, qui a marqué le cinéma français, continue de charmer des générations d’enfants avec ses contes. Interview-confession
« Quand je tombe, à la télévision, sur des films dans lesquels j’ai joué, ce n’est plus moi. Je me regarde comme je regarderais une amie »
Interview Marie-Laure Delorme
Paris Match. Vous avez connu la consécration au cinéma, puis en librairie avec vos contes pour enfants. Comment avez-vous fait pour garder les pieds sur terre ?
Marlène Jobert. Faut-il que je vous raconte mon histoire ? Mes parents sont d’origine extrêmement modeste. Mon père venait de l’Assistance publique ; ma mère a grandi dans un milieu sans aucune culture. Je suis née en Algérie et je suis arrivée en France à 10 ans. Mon père, militaire de carrière, a été muté à Dijon. J’ai vécu cette arrivée en France de manière traumatique. En plus de l’arrachement à mon école, j’ai été affectée dans une classe de sixième d’un niveau supérieur au mien. Alors que j’étais jusqu’alors considérée comme une bonne élève, je me suis retrouvée soudainement en queue de classe et à faire l’objet, une année durant, de brimades et d’humiliations répétées de la part des élèves et des professeurs. J’en ai gardé un manque d’assurance et un sentiment d’illégitimité qui m’ont accompagnée toute ma vie. Alors, consécration ou pas, mes pieds n’ont jamais décollé de terre.
Seriez-vous d’accord pour dire que vous avez un physique joyeux et