Moussorgski conçut ses (1874) comme une déambulation parmi les toiles, aquarelles et dessins de son ami Viktor Hartmann. Entre deux , voici un portrait démoniaque (), le spectacle de nobles ruines (), d’espiègles jeux d’enfants (), l’avancée laborieuse d’un char paysan (), l’éclosion d’un œuf (), les échanges acerbes entre un usurier et son débiteur (), une scène animée (), la vision d’un ossuaire (), la demeure de la sorcière Baba Yaga (), enfin le projet d’un majestueux monument (). Pour orchestrer ce cycle pour piano en 1922, Ravel se saisit de la palette d’un Rimski-Korsakov. Très russe d’esprit dans l’agencement des timbres et la violence de ses contrastes (pas seulement rythmiques), cette « colorisation » cherche le caractère. On peut compter sur Leonard Bernstein et son New York Philharmonic pour exprimer, dans une stéréo précise (1958), toute la poésie, suave, mélancolique ou irréelle de ces pages, leur ironie quelquefois mordante.
