La comparaison est sans doute trop flatteuse mais elle n’est pas absurde non plus : de Ronald Lavallée est un voyage au cœur des ténèbres du Grand Nord canadien et une peinture des traumatismes et des ressentiments d’un homme dont est un formidable roman qui déploie un récit aventureux pour décrire l’instinct de survie qui habite l’être humain. Le héros, Matthew Callwood, policier idéaliste, le doigt sur la couture du règlement, débarque au fin fond d’un village paumé pour son premier boulot comme chef de poste. Tout y est miséreux et misérable et seul le projet d’arrêter un assassin, Moïse Corneau, le fait vibrer. Oui mais voilà, le gars s’est enfui dans la forêt, les montagnes, et n’importe où ailleurs, et lui mettre la main dessus ne va pas être une partie de plaisir. Pas grave. Callwood embarque avec lui Harvey, son second fataliste et désinvolte, plus préoccupé d’aller rendre visite à Fran que de se plonger dans le manuel du bon policier. Callwood y croit, il traque sa proie, échoue, revient, repart alors que la nature devient pour lui un autre ennemi plus dangereux encore. Le monde d’ici est éloigné de tout, mais le mal s’y est installé quand, de l’autre côté de l’Atlantique, la Première Guerre mondiale résonne.
