S’il y a un lieu qui encapsule les amours d’Emmanuel Macron et de la « start-up nation », il est à chercher dans le XIIIe arrondissement de Paris. C’est ici qu’en 2017, fraîchement élu, le président inaugurait l’incubateur Station F de Xavier Niel devant une foule extatique, mais se mettait l’opinion publique à dos avec son commentaire sur « les gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien ». C’est ici encore qu’en 2023, il tient un discours vibrant sur l’intelligence artificielle, pour célébrer le dernier bébé de Niel : un grand laboratoire d’IA monté avec Rodolphe Saadé (CMA CGM) et Eric Schmidt (ex-Google). « Mais cette année, il ne s’est pas déplacé », note un patron français, avec une pointe de déception. Le président ne s’est fendu que d’une intervention vidéo. Entre l’Ukraine, Israël, la crise de l’énergie et l’hydre de la menace terroriste en France, Emmanuel Macron doit, il est vrai, jongler avec une actualité chargée. Ses relations avec la start-up nation ont cependant changé elles aussi, passant d’un mandat à l’autre de la lune de miel à la routine de vieux couple.
Souvenons-nous. En 2017, les Etats- Unis s’enflamment pour ces geeks capables de créer depuis leur garage des colosses technologiques. Les startupers français sont regardés, eux, avec un paternalisme amusé. Ça pèse combien « ça » ? Combien d’emplois derrière ? Malgré quelques belles plateformes (Meetic, Skyblog, Venteprivée, etc.)