L’hiver sera long, la guerre aussi. A Odessa, les habitants de la ville portuaire se préparent à une saison de plomb et rasent les murs aux façades baroques. La veille, le cœur historique a encore été bombardé, de nuit. « On commence à s’habituer à ce bruit de tondeuses à gazon, le ronronnement des drones iraniens que les Russes nous envoient comme cadeaux », ironise dans un français parfait Alla Nircha, conservatrice du musée Pouchkine déserté, qui ne peut plus chauffer les salons où vécut au début du XIXe siècle l’illustre écrivain. Un missile est tombé à quelques rues de là, abîmant l’un des plus grands musées d’Ukraine, celui des Beaux- Arts d’Odessa. Deux explosions retentissent en début de soirée, puis une troisième.
Dans les édifices aux enduits d’ocre, de vert et de bleu qui bordent l’Opéra de style néoclassique, le peuple d’Odessa se divise alors