L'INSTANT
RECYCLAGE INSPIRÉ
ÉTERNEL FEMININ
TRADITION ET CRÉATION
Entre une robe de flamenco et un ensemble en dentelle de Maria Grazia Chiuri pour Dior? Entre une capeline provençale et un chapeau de paille signé Simon Porte Jacquemus? La mise en relation du folklore et de la mode n'a rien d’évident. Tout, explique Marie-Charlotte Calafat, commissaire de « Fashion folklore » avec Aurélie Samuel. Face à ces chefs-d'oeuvre anonymes et inspirants, sont présentées les créations de grands couturiers et maisons de haute couture, de Balenciaga à Dries Van Noten, en passant par Chanel, Gaultier, Kenzo, Saint Laurent, Lagerfeld, Schiaparelli… Le parcours montre comment le costume traditionnel est lié à l'affirmation des identités régionales et nationales. Témoin d'un mode de vie parfois révolu, il est garant d'un savoir-faire du peuple qu'il incarne (folklore signifiant étymologiquement « le savoir du peuple »). Les costumes d'Alsace, de Provence ou de Bretagne ont leurs spécificités formelles, que les couturiers du XXe siècle vont explorer, détourner, exagérer ou simplifier. Entre quête des origines et mythologie personnelle, deux créateurs ont payé un tribut passionné à la Provence éternelle: Christian Lacroix, en célébrant une flamboyante Arlésienne, et Simon Porte Jacquemus, en réactualisant les santons de la crèche dans un inoubliable défilé sur la passerelle du Mucem. Les pièces folkloriques constituent ainsi un précieux mais fragile répertoire de motifs, matériaux et techniques. Certains savoir-faire sont classés par l'Unesco sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité (la broderie des Matyó en Hongrie, la blouse brodée en Roumanie et Moldavie), d'autres sont en voie de disparition. Aujourd'hui, heureusement, on assiste à une véritable collaboration entre les artisans du costume populaire et les créateurs, qui s'associent à des brodeurs ou des centres de tissage locaux pour créer des oeuvres en commun. affirme Aurélie Samuel. C'est cette étonnante histoire d'amour que raconte l'exposition qui est présentée jusqu'au 6 novembre au Mucem.