La mélancolie, c’est toute une histoire,donc toute une littérature. Quand naquit la forme contemporaine du roman, au XIXe siècle du bien nommé romantisme, cet état d’âme était considéré positivement. Aujourd’hui, la mélancolie peut être considérée soit comme une disposition pérenne de l’esprit, alors végétatif et victimaire, soit comme une étape transitoire, plus progressiste.
Si penser à hier n’a rien de rétrograde,: pour son grand retour à la fiction treize ans après , l’écrivain superstar se mettait en scène en train d’écrire… son propre premier roman. Replongeant dans le Los Angeles des années 1980, quand Ellis, qui avait alors 17 ans, lycéen, se plongeait dans l’alcool, la drogue, la vie yuppie, les immenses fêtes. Le livre est un tour de force formel, dépassant la simple autofiction: la mélancolie propre à cette décennie imbibe chaque page, mais elle est aussi dans le fond. Ellis révélant une inspiration comme ligotée à son époque fétiche. C’est son inventivité qui l’empêche de ronronner, et de verser dans la nostalgie pure et dure. En France, Michel Houellebecq se classe (très) à droite dans ses prises de position médiatiques. L’homme est un nihiliste, l’écrivain et ses romans le sont aussi. Quelle que soit l’époque qui leur sert de cadre – le présent dans ou dans le futur dans ou –, ils ont toujours décrit un avenir triste, une impossibilité à s’adapter aux repères (moraux, sexuels, sociaux) que l’humanité s’était construits jusqu’alors… sans pour autant les regretter. La mélancolie houellebecquienne est passive, cynique.
