En dix ans de pontificat, le pape François n’a pas seulement fait évoluer le discours de l’Église et réformé ses institutions, il a aussi transformé le visage du catholicisme à travers le monde en choisissant méticuleusement ses évêques. Ce n’est pas directement le chef de l’Église catholique qui désigne les futurs évêques, mais la très stratégique [du nom de famille du pape, Bergoglio, NDLR] explique un haut responsable du Saint-Siège. Chaque profil est donc étudié en fonction des attentes du pape en matière d’écologie, d’accompagnement des pauvres, des migrants, de dialogue interreligieux… autant de thèmes centraux du pontificat. Autre marque de ce pontificat, une attention toute particulière est portée à lades candidats vis-à-vis du dogme : un prêtre ou prélat trop zélé , souligne encore ce membre de premier plan du Saint-Siège. Dans une sorte de miroir étonnant, un prêtre qui aura pris trop de liberté à l’égard du dogme ou même de la liturgie sera lui aussi écarté. Au moment de choisir l’évêque, le contexte du diocèse étudié, tout comme le passif du candidat sont également importants. Les membres de la Congrégation des évêques veillent évidemment à ce que l’homme d’Église retenu n’ait aucunelui-même ; mais ils examinent aussi s’il a su réagir de façon clairvoyante dans un dossier épineux, d’abus sexuel par exemple. Les créations de cardinaux – conseillers du pape – suivent cette même logique, d’autant qu’elles sont cette fois-ci directement décidées par le pape seul, souvent après qu’il a eu vent par son entourage des hauts faits de tel ou tel évêque. Les créations de cardinaux sont particulièrement importantes, puisque c’est parmi eux que se trouve le successeur de François. Or le pape François a déjà élevé 90 cardinaux, sur les 137 que comptera leur Collège (leur assemblée). Il a donc désormais nommé près des deux tiers des membres du futur conclave, qui sera un jour chargé d’élire son successeur. De quoi faire parler…
