MÉMOIRES D'HADRIEN, GRAVÉS DANS LE MARBRE
Véritable serpent de mer littéraire, ce roman historique que beaucoup considèrent comme son chef-d’œuvre fut écrit entre 1924 et 1939 sous différentes formes, l’écrivaine finissant par en égarer la dernière version en 1939, de la part de l’hôtel Meurice de Lausanne, où elle avait séjourné pendant la guerre, confie-t-elle dans les « Carnets de notes » des Dans la malle, elle tombe sur une curieuse lettre dactylographiée qui commence par un énigmatique . Il s’agit du manuscrit perdu, une longue lettre en forme d’épître, qu’en l’an 138 l’empereur romain Hadrien est censé avoir adressée avant de mourir à son petit-fils adoptif, Marc Aurèle. Marguerite Yourcenar entreprend aussitôt de retravailler le texte, tel un Il faudra attendre encore trois ans avant qu’il ne paraisse, chez Plon (1951). La réussite indéniable du livre tient dans le prodigieux travail d’érudition auquel Yourcenar dut se plier pour faire revivre de l’intérieur la vie d’un empereur romain disparu il y a dix-huit siècles, tout en donnant à sa vie une résonance à la fois humaine et politique, et en rendant sa voix audible pour un lecteur contemporain. Au long de cette lettretestament sensible et pleine de lucidité, on suit avec passion ses années puis, Rome étant à son apogée, on voit le jeune homme guerroyer hardiment au côté de Trajan, Lorsqu’il accède au trône de l’Empire, dans des conditions obscures on découvre le récit de ses liens d’amitié avec Plotine d’amour avec Antinoüs et l’on partage son désespoir lorsque son favori se suicide Jusqu’aux pages finales, où l’empereur, malade et assagi, envisage la mort et y entre plein d’une sereine et discrète résignation.