ans l’avoir jamais rencontré, on a l’impression de le connaître déjà : Aliocha Schneider, 29 ans, partage une ressemblance certaine avec son grand frère Niels, acteur comme lui. Souriant, il commande une citronnade en terrasse d’un café montmartrois où il a ses habitudes. Une petite fille dans la rue saute de joie en l’apercevant : « Je vous ai vu dans ! » La série à succès de Cédric Klapisch, inspirée de, a fait monter la cote du jeune acteur. On le verra bientôt dans trois projets alléchants : un film allemand tourné en Grèce, une série familiale au côté de sa « belle-sœur », Virginie Efira (compagne de Niels), et une adaptation canadienne de , le roman de Sagan, avec Chloë Sevigny, « la personne la plus cool du monde ». Né à Paris dans une famille où son père était danseur professionnel et comédien, il a grandi à Montréal, où ses parents s’étaient installés et il est, tout comme ses frères, multitalentueux. « Vadim, mon frère aîné, était vraiment l’artiste de la famille, raconte-t-il. Après son décès dans un accident de voiture, en 2003, tout le monde s’est intéressé à ce qu’il aimait. J’ai lu Shakespeare et Romain Gary dont il était fan, joué de la guitare comme lui, et écrit des chansons. » À 12 ans, il fait déjà du doublage pour le cinéma; il joue dans son premier film l’année suivante, puis dans sa première pièce. À 17 ans, il rencontre dans un café Jean Leloup, le Gainsbourg québécois, et lui montre ses morceaux. Le soir même, le chanteur l’aide à enregistrer ses maquettes en studio avec ses musiciens, puis lui trouve un label. Deux albums en anglais plus tard, Aliocha confie : « Je suis heureux sur un plateau de tournage, mais chanter reste pour moi un travail plus déchirant, plus complexe. » Son nouveau disque, qui sortira à la rentrée, est presque entièrement écrit en français. « C’est ma langue maternelle, et, même si c’est naturel pour moi de chanter en anglais, je sentais que si j’arrivais à écrire en français, j’y dévoilerais des choses plus intimes. » Authentiques et sincères, solaires et mélancoliques, ses chansons touchent au cœur. Il y raconte ainsi cette année passée à tourner en Grèce, loin de son amoureuse, la chanteuse canadienne Charlotte Cardin, fraîchement arrivée à Paris. « Quand ton cœur est ailleurs, tu ne vis pas vraiment le moment présent, pris dans un no man’s land. Dans de Gary, il y a ce passage : “– Est-ce que je suis envahissante ? – Terriblement, quand tu n’es pas là.” » Encore une allusion à l’auteur fétiche de son frère Vadim. Lorsqu’on lui demande une anecdote sur sa carrière, Aliocha se souvient : « J’ai 12 ans, je participe à une masterclass de chant au Québec. La prof m’invite à présenter ma chanson au public. Je choisis de Robbie Williams, adorée par Vadim. Je chante puis elle me dit : “Tu sais que cette chanson parle de la mort ? Quand tu la chantes, on n’y croit pas. Tu es un peu jeune, mais as-tu déjà perdu quelqu’un ? ” Et là, j’explose en sanglots devant le public très mal à l’aise. » Ce chouchou, on l’aime.
