Côté Paris

BELVÉDÈRE CITADIN

Pour l’architecte Régis Botta la ligne est une affaire sérieuse. Découper, aligner, ajuster… le volume est une matière à modeler qu’il travaille d’un trait pour en asseoir l’équilibre. Un principe qui n’a pas échappé aux cent quatre-vingts mètres carrés de ce duplex, installé dans le Marais, et dont il vient d’orchestrer la métamorphose. La hauteur sous ». Des propos qui s’illustrent avec ce projet. L’architecte s’en remet ici à la précision du dessin, réalisant des plans travaillés à la ligne près. Il structure, taille, découpe, aligne, perce, murs et plafonds, dans un puzzle graphique habilement composé. L’objectif, optimiser les perspectives, multiplier les correspondances, et ainsi créer le lien d’une pièce à l’autre, d’un étage à l’autre. L’art de l’origami semble avoir inspiré l’harmonie de ce volume à facettes. Des angles, des arêtes, à géométrie variable sculptent la lumière. À ce vocabulaire de formes, la présence enveloppante des teintes, allant du gris chaud à l’anthracite, cultive la subtilité des monochromes. « », souligne-t-il. L’unité de ton se poursuit sur le choix du mobilier et des matériaux, autour du marbre, du bois, et du grès cérame. Prolongeant ainsi la même dominante chromatique, à quelques nuances près, dans l’ensemble de l’appartement. Ainsi, le rythme des lames du mur de la cuisine se réinvente sur la terrasse en mur claustra, et le marbre de la cheminée devient îlot central ou encore tête de lit dans la chambre. L’unité des matériaux, des couleurs, des espaces, n’empêche pas les variations. Les pièces à vivre ouvertes, à la manière d’un loft, veillent à préserver leur autonomie tout en s’emboîtant, et en se répondant sans rupture. Un raffinement ciselé jouant parfois sur l’illusion d’optique, avec des portes dérobées qui disparaissent dans les murs, ou encore par les lames de bois de la cuisine. La scénographie des sections alignées permet de masquer l’ensemble des parties techniques et sert de garde-corps au niveau de l’escalier. Rien n’est là par hasard, le plus souvent la fonction justifie le geste sans s’interdire les sensations fortes. À l’étage, le bureau mezzanine flotte au-dessus du séjour, protégé par la transparence d’un mur entièrement vitré sous une charpente retravaillée comme un toit à deux pentes. L’architecte l’envisageait comme une cabane en apesanteur. Un avantgoût de la terrasse voisine pensée comme une invitation au voyage. À la manière d’un solarium de bord de mer, le mobilier outdoor d’Ethimo, posé à même le sol sur une estrade en bois, apporte un avant-goût de vacances. Les murs mitoyens habillés de lames de bois peintes en blanc rappellent l’impression dépaysante, presque exotique, des claustras. Plus loin un immense miroir brouille le rapport d’échelle façon trompe-l’œil. Autour, la nature forme un écrin dense, faisant oublier la ville environnante.

Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.

Plus de Côté Paris

Côté Paris2 min de lecture
Œuvres D’usage
Lors de la première pandémie, Hervé Lemoine, président du Mobilier national, lance à travers un appel à candidature, ce premier programme d’achat de pièces uniques ou en très petites séries, afin d’accompagner designers et galeries, en état de fragil
Côté Paris1 min de lecture
Bouquets D’étoffes
Mannequin : Pauline Dusage, chez Emily Models et Cyrille Joubert Talents. Adresses page 152 ■
Côté Paris3 min de lecture
Maison Littéraire
Maison calmusséenne, c’est aussi le nom de l’association qui organise cet événement culturel. À la source de l’adjectif « calmusséen » : la chaux (calx, calcis, en latin) et l’écriture (calamus), qui sont les deux éléments principaux constituant cett

Associés