« Let’s finish the job! » (Finissons le boulot!). Par ce slogan viril digne de Clint Eastwood dans L’inspecteur Harry – qui finit le sale boulot d’une balle dans la tête de ses ennemis –, Joe Biden a annoncé sa candidature le 25 avril en vue de sa réélection. Cette déclaration sur Twitter a aussitôt propulsé le locataire de la Maison-Blanche âgé de 80 ans dans le « club » restreint des présidents à la fois en guerre et en campagne électorale. Y figurent Franklin D. Roosevelt, Richard Nixon et George W. Bush, respectivement en lice pour leur réélection en 1944 pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1972 pendant celle du Vietnam et en 2004 durant l’invasion de l’Irak et la guerre d’Afghanistan.
En politique étrangère, « finir le boulot » signifie poursuivre l’effort de guerre en Ukraine. Car depuis le 24 février 2022, Joe Biden est devenu un « président de guerre ». Certes, les troupes américaines ne sont pas présentes sur le terrain. Cependant, les Etats-Unis ont jusqu’ici apporté à Kiev une aide phénoménale de 27,5 milliards de dollars. Et Biden luimême a plus d’une fois mouillé sa chemise avec des déclarations fracassantes: dès le 16 mars 2022, il qualifie Poutine de « criminel de guerre ». « Bon Dieu, ce type-là ne peut pas rester au pouvoir », ajoute-t-il dix jours plus tard lors d’un déplacement en Pologne. Rebelote au lendemain d’une visite surprise à Kiev – en « zone de guerre » – le 20 février 2023: « L’Ukraine ne sera jamais une victoire pour la Russie, jamais », promet-il.
« On l’oublie un peu mais Joe Biden est plus “faucon” que son entourage », déclare, à Washington, liée au think tank conservateur du même nom. « Aussi, ajoute-t-il, le conflit ukrainien définit chaque jour un peu plus sa présidence. Son issue définira également sa place dans l’Histoire. Et elle jouera un rôle dans la présidentielle de 2024. Pour Biden, il est donc important que la prochaine offensive de l’armée ukrainienne soit couronnée de succès. Le président candidat y croit. »