E 28 SEPTEMBRE 1979 au soir, le Caesars Palace, à Las Vegas, a des airs de centre de l’univers. Sugar Ray Leonard affronte Andy Price pour le titre des poids welters de la North American Boxing Federation. Dans le public, les légendes du sport Joe DiMaggio et Joe Louis côtoient Smokey Robinson et Cary Grant. Diana Ross est au premier rang, près du fondateur de la Motown, Berry Gordy. Et du côté de Price, au milieu des caméras de télé et de la fumée de cigare, se trouve son manager, Marvin Gaye. Ce dernier a souvent utilisé des métaphores de la boxe et, en 1979 – après un divorce puis une séparation, une addiction à la cocaïne et des dettes envers le fisc –, l’image du combattant sur le ring le touche particulièrement.
“Je me répète qu’une bonne nouvelle est au coin de la rue, mais il n’y a qu’un inspecteur des impôts prêt à m’attaquer. J’en avais assez de prendre des coups.”
La relation de Gaye avec la boxe n’a pas été que métaphorique. Dès l’adolescence, il s’est essayé à ce sport et en est resté fan toute sa vie. Au milieu des seventies, il a managé deux boxeurs qui se sont avérés décevants. Et lors d’une soirée caritative, en 1978, il a même affronté Mohamed Ali.
“JE PENSE QUE MARVIN SOUFFRAIT DU SYNDROME DE LA PENS E MAGIQUE.”
Dans After the Dance, recueil de souvenirs écrit avec l’auteur David Ritz, la deuxième femme de Marvin, Jan, se souvient de ce combat. “Il n’a pas fallu plus d’une minute pour qu’Ali l’allonge. Mais comme Ali l’aimait, il ne lui a pas fait de mal. Marvin était cependant humilié. En matière d’exploits sportifs, Marvin se faisait des illusions.”
Avant ce “combat”, Gaye s’est entraîné au Hoover Street Gym, à South Central, à Los Angeles. C’est là qu’il croise Andy Price. “Il m’a vu, a dit qu’il aimait mon style, raconte Price. Ça a été le début de notre partenariat.”
Gaye a trouvé là un moyen de rester sur le ring, ou juste à côté: il devient le manager de Price, une association raconte-t-il à Ritz, son biographe,