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es destins d'écrivains commencent souvent par la poésie. Pour Herman Melville, la trajectoire fut inverse. Après le succès de ses premiers romans, le romancier se tourne vers la création en vers. Pendant les trente dernières années de sa vie, il publie des recueils à compte d'auteur. Réunie pour la première fois dans leur quasi-intégralité en France, cette œuvre - traduite par notre collaborateur Thierry Gillybœuf - donne à voir l'expérience fondatrice de la mer, matrice existentielle où l'ancien marin puise le matériau de profondes méditations. Mais aussi le spectacle traumatisant de la guerre de Sécession, qui est pour lui l'occasion une réflexion souterraine sur la possibilité de la reconstruction. Partout, l'extrême soin apporté à la composition formelle rappelle que le vers est l'inverse d'un pis-aller. Aux yeux de Melville, il constitue l'un des plus beaux et exigeants réceptacles de la recherche sur la puissance des mots et de la langue. Là, «