oris Mikhaïlov se lance à la fin des années 60, en répondant à des commandes de particuliers. Il retouche et peint à la main des clichés de couples, d’enfants ou de proches disparus au front. À cette époque, il va puiser dans Cette citation illustre la conception d’une activité expérimentale pionnière. Jamais Boris Mikhaïlov n’a cherché à réaliser un beau tirage. Au contraire, il produit des images peu contrastées, floues, développées rapidement sur des papiers à bas prix. Dans la série « Luriki 1971-1985 », il recouvre de couleurs criardes des clichés noir et blanc dupliqués pour caricaturer la propagande du gouvernement. Avec « Black Archive 1968-1979 », il documente le quotidien des habitants de Kharkiv et révèle la fracture entre sphère publique et privée. Les deux séries attestent d’une idée très personnelle de la beauté. Pour lui, un tirage impeccable ne peut refléter les épreuves de la vie. Avec il réalise un livre d’artiste composé de textes et d’images collées sur de simples feuilles de papier. Pour « By the Ground 1991 », il parcourt les rues avant et après la chute de l’URSS pour montrer le sort des démunis avec des clichés peints à la main en sépia et rehaussés de brun. Plus de vingt séries, soit 800 œuvres, alimentent ainsi la rétrospective présentée à la Maison européenne de la photographie, à Paris. Pour « At Dusk, 1993 », série exposée à la Bourse de commerce, Mikhaïlov suggère que ses prises de vue ont été capturées entre chien et loup. Il poursuit là son état des lieux de l’effondrement de l’ordre social au lendemain de la chute de l’URSS, avec des tirages bleu cobalt, couleur crépusculaire. Entre photographie documentaire et travail conceptuel, ses séries, puissantes et parfois glaçantes, traversent l’histoire de la tragédie du peuple ukrainien, plongé dans un conflit sanglant déclenché par le pouvoir russe.
Boris Mikhaïlov, l’antihéros
Dec 02, 2022
1 minute
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