lutôt que d’imaginer une rétrospective chronologique des œuvres de Thomas Ruff (1958-), le commissaire Alexandre Quoi, responsable du département scientifique du musée d’Art moderne et contemporain Saint-Étienne Métropole, a choisi de montrer ses séries siècle et les plaques de verre qui ont toujours intéressé le photographe. Alors qu’il était étudiant de Bernd Becher (célèbre pour ses photos d’installations industrielles) à l’académie des beaux-arts de Düsseldorf, dans les années 80, il a signé ses premières séries « Intérieurs » et « Portraits » puis s’est tourné vers d’autres approches. En témoigne sa magnifique dernière séquence inédite intitulée « Bonfils, 2022 », du nom du studio ouvert par Félix Bonfils en 1867, à Beyrouth. Ayant acquis des reproductions de négatifs sur verre représentant des sites antiques et des paysages du Proche-Orient, Ruff les capture pour retirer les négatifs. Tout au long de l’exposition, l’esprit de renouvellement permanent de l’artiste et sa volonté de transformer les images sont mis en évidence. Les séries « Negatives » et « Tripe » reflètent sa passion ancienne pour la photographie scientifique. La technique du photogramme lui donne aussi l’idée de travailler la solarisation dans sa série « Flower.s de 2018. Il se réapproprie la photographie judiciaire (inventée par Alphonse Bertillon en 1890, avec ses clichés de face et de profil) en construisant des visages artificiels dans sa série « Others Portraits en 1994-1995. Le parcours relate également le passage de la pratique analogique à l’ère du numérique, tout en révélant la nature même de la photographie et son potentiel de manipulation. L’approche analytique de la méta-photographie « ruffienne », faite d’images à partir d’images existantes ou à créer, nous plonge dans une traversée infinie des pratiques du 8 art.
Les manipulations de Thomas Ruff
May 20, 2022
1 minute
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