Pour certains amateurs, la Royal Oak d'Audemars Piguet est une montre prédestinée, arrivée au bon moment avec le bon design. Dessinée par Gérald Genta afin d'élargir la gamme de la petite maison horlogère familiale spécialisée dans la fabrication de garde-temps à complications, cette montre a été avant tout pensée pour le milieu très porteur des jet-setters et de la jeunesse dorée. Ce produit signifiant, en raison de son puissant dessin et différent de ceux de la génération précédente, a été lancé très exactement le 15 avril 1972.
Aux origines d'un mythe
Contrairement à ce qu'on peut lire dans les médias, en 1970 et pendant encore plus de cinq ans, le marché horloger suisse est demeuré florissant. La preuve: à l'aube des , trois distributeurs de la maison soulignent que l'acier manque dans l'offre de la marque, alors que le matériau est clairement dans l'esprit du temps. Georges Golay, alors administrateur délégué de la marque, confie au jeune designer Gérald Genta, le soin de proposer un dessin pour une montre en acier, sport chic, moderne et fine. Il la pense comme un produit atypique pour s'inscrire dans l'esprit de l'époque et aussi – on l'oublie trop souvent –dans la lignée des montres originales proposées par cette maison intimiste. Ainsi naquit la Royal Oak, dont le nom de code est 5402. Son dessin est moderne, géométrique et minimaliste. Il intègre des éléments que l'on peut qualifier de mécanistes, comme les vis apparentes de la lunette, qui marquent une rupture avec l'univers horloger de l'époque. Une assertion qu'il convient de relativiser car, depuis les manifestations étudiantes de 1968, beaucoup de marques cherchent à dynamiser leurs produits mécaniques en les habillant de boîtiers aux