Côté Paris

ARSENAL-MORLAND UN NOUVEAU SOUFFLE

LA TOUR MORLAND ET LA MUE DU QUARTIER

Entre les boulevards de la Bastille et Henri IV, le port et La Seine, le quartier de l’Arsenal reste méconnu. Certains le décrivent « plombé » par de « grands ensembles qui ne se traversent pas». Le choix de cet adjectif percute son passé militaire. Hier, comme illustré sur le plan de Turgot de 1739, visible à la Bibliothèque de l’Arsenal, se succédaient fonderies à canons, entrepôts de poudre, écuries et fossés défensifs. La caserne de la Garde républicaine en est l’héritage. Autre bâtiment imposant, édifié début 1960, le siège de la préfecture érigé par les architectes Pierre-Victor Fournier, René Fontaine et Albert Laprade sur ce qui était autrefois l’île Louviers, à la superficie égale à sa voisine en aval, l’île Saint-Louis. Le comblement du bras de la Seine en 1840 donnera le boulevard Morland. Cette construction moderniste s’élevant à cinquante mètres, dépassant de trente mètres les normes, assouplies par l’État commanditaire, détonne par son austérité, sa minéralité, d’autant plus qu’Albert Laprade était reconnu en tant qu’auteur du Palais de la Porte Dorée. Le premier appel à projets « Réinventer Paris »en 2014 enclenche sa transformation. Le défi est relevé par le promoteur Emerige et une bande de visionnaires. De bloc impénétrable, énergivore, amianté, ce navire amiral doit devenir l’épicentre de la cité de demain, plus frugale, plus inclusive. Et entraîner dans son sillage une nouvelle dynamique dans cette partie de Paris qui est aussi celle des architectes avec le Pavillon de l’Arsenal, des designers installés dans d’anciens ateliers, de quelques restaurants n’ayant rien perdu de leur authenticité. L’édifice revu et corrigé par l’architecte David Chipperfield apparaît aujourd’hui en « phare de l’Arsenal». Aux 15e et 16e étages, l’artiste Olafur Eliasson et son studio Other Spaces fondé avec Sebastian Behmann, plongent le visiteur dans une œuvre littéralement renversante, entre ciel et terre. « Les dispositifs optiques kaléidoscopiques recadrent une vue qu’on a tendance à prendre pour acquise. Ils suscitent de nouvelles perspectives sur la ville. » souligne Olafur Eliasson. Sur un nouvel art de vivre aussi au sein de la capitale.

44 000 M2 REVISITÉS, UN DÉFI ARCHITECTURAL

«   » Laurent Dumas, président du conseil de surveillance d’Emerige, remporte le concours en 2016 avec une équipe hors normes. L’ambition est de faire « ». Alexandre Labasse, directeur du Pavillon de l’Arsenal, centre d’exposition et de recherche sur l’architecture parisienne et du Grand ». Il souligne l’ingéniosité de l’architecte David Chipperfield, reconnu pour insérer des projets très contemporains dans des bâtiments anciens. « » David Chipperfield a rendu aux façades existantes leur puissance, avec une attention particulière aux détails, reprenant les pierres issues de la carrière d’origine, les menuiseries à l’identique dans un alliage spécial, tout en leur donnant une aspérité supplémentaire avec l’ajout d’un balcon par fenêtre, sept cent seize au total, distinguant les parties destinées aux habitations. Il a imaginé deux bâtiments adjacents surélevés sur une série d’arcades inspirées « ». La cour intérieure, évoquant celle d’un cloître, est investie par le paysagiste Michel Desvigne, éminence verte des forêts citadines. Plus de deux cents espèces d’arbres, de mousses et de fougères sont plantées. Cette oasis verte accueille les sculptures animalières en rocaille de Laurent Le Deunff.

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