orce est de reconnaître à Yves Saint Laurent sa capacité à s’inspirer très tôt de l’histoire de l’art. Ses robes (1965) ou (1966) dialoguent donc au Centre Pompidou avec l’une des compositions de 1917 du maître néerlandais. Plus loin, un ensemble brodé (1981) de Matisse (1940). Grand collectionneur, il avait son propre musée rue de Babylone, à Paris, possédant même un Goya. À l’instar de son mentor Christian Dior, le couturier était passionné et a puisé davantage dans l’art qu’en observant la vie quotidienne. Ses créations rendent autant hommage à Mondrian, Tom Wesselmann, Van Gogh, Monet ou Picasso et sa fille Paloma qu’à Marylin Monroe, Coco Chanel ou Catherine Deneuve. Les années 80 assimilent Yves Saint Laurent à un artiste. Quand Jacques Esterel l’accuse de plagiat à propos d’un pantalon de plage, Pierre Bergé est cinglant: Dès 1983, le styliste jouit d’une rétrospective au MoMA, une première du vivant d’un couturier, sans oublier celle, à la même période, au musée de la Mode, à Paris. Plus tard, Bernard-Henri Lévy, qui siégeait au conseil d’administration de la maison de couture, lui consacre une préface dans le livre écrit-il. Il faut peut-être simplement voir dans cet anniversaire, comme dans son défilé d’adieu au Centre Pompidou il y a vingt ans, le juste rappel de son univers et de ses sources. Ce que l’on célèbre, ce n’est pas tant la marque Saint Laurent Paris (Groupe Kering) que l’homme et sa capacité à s’inspirer d’un lustre pour imaginer, avec le brodeur Lesage, une veste d’organza constellée de cristal de roche et d’or – elle parade au Louvre, tel un vêtement de cour, au-dessus de l’appartement d’Anne d’Autriche. La mode s’associe en tant que création à des œuvres et à des lieux, y trouvant sa place sans effort.
Un défilé d’œuvres d’art
Apr 01, 2022
2 minutes
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