Imany
“Là, nous sommes clairement de sortie. On voit que ma mère a pris soin de bien m’habiller. Les gens la surnommaient Madame Carrington, de la série Dynastie, hyper-stylée.”
Et je ne me rappelle évidemment rien de cettequi était hyper-stylée avec ses gros manteaux de fourrure et ses grosses coiffures – mais, enfin, là, nous sommes clairement de sortie. À Martigues, je reconnais le canal derrière. À côté d’Istres, donc. Où nous vivions à l’époque parce que mon père était pompier militaire sur la BA 125. Et j’ai plus de souvenirs de la BA 107 de Villacoublay, où nous “monterons” quand je serai en CM1, mais bon, les bases aériennes ont toutes à peu près la même tête: du béton, du goudron, partout – ils ne s’embarrassent pas tellement avec la déco et le feng shui dans l’armée –, plastique au sol, peintures blanches vertes, assez clinique. Drapeau français, bien sûr, et une forme de “poésie”, c’est vrai, avec leurs pistes d’atterrissage, leurs immenses terre-pleins, le ciel à perte de vue et tous ces beaux avions dans leurs grands hangars. Et alors… nous, nous habitions près de la base dans un quartier qui s’appelait – et qui s’appelle toujours – La Bayanne ; mes frères et sœurs étaient mes meilleurs amis ; nous allions à l’école des Micocouliers et nous étions très – très – solidaires face à notre père qui a beaucoup d’humour – il aime bizuter ses copains et il sait “colorer” une histoire qui nous paraîtrait, à vous et moi, anodine – mais qui est très autoritaire, avec lui ça marchait au pas… Si bien que dès qu’il partait en détachement à l’étranger – quatre mois, six mois, un an, à Tahiti, en Centrafrique, au Tchad ou au Kosovo –, l’ambiance se détendait… Et imaginez, cinq gamins en bas âge – plus tard, sept –, à qui vous criez d’aller se coucher ? Y’a rien à faire. Ma pauvre mère était battue d’avance»
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